Il faut un funambule des cimes pour en reconnaître un autre. « Bravo ! Enorme perf, l’artiste », a commenté Kilian Jornet, l’« alpicoureur » espagnol star de l’ultra-trail et de l’alpinisme mondial, sur Instagram pour saluer la performance de Benjamin Védrines. Samedi 24 mai, l’alpiniste français (32 ans) a effacé de près de trois minutes le record du Catalan de l’ascension du mont Blanc – en aller-retour depuis l’église de Chamonix (Haute-Savoie). Une performance – à ski, là où Jornet était à pied – en 4 h 54 m 41 s, qui devient le nouveau record absolu pour gravir le toit de l’Europe (4 805 m) depuis Chamonix et redescendre.
« C’est un record qui me fascinait, mais je ne pensais jamais en être capable », a commenté Benjamin Védrines dans un communiqué, confessant qu’il « manquait de vraiment de confiance » en lui pour s’y attaquer. « Ça me faisait rêver cet aller-retour mythique depuis l’église de Chamonix, même si ce n’est vraiment pas ma spécialité. » L’alpiniste français, qui détient le record de vitesse de l’ascension du K2 (dans l’Himalaya) sans oxygène, avait initialement prévu de partie en Alaska (Etats-Unis), à la conquête du mont Denali (6 190 m), cime du continent nord-américain. Mais l’annulation de cette expédition a permis au natif de Die (Drôme) de se frotter au mont Blanc.
« Je me suis décidé il y a seulement deux semaines parce que j’étais sur Chamonix », a expliqué Benjamin Védrines. Un temps de préparation extrêmement court, notamment en comparaison avec le précédent détenteur du record à ski, l’Américain Jack Kuenzle, qui avait établi sa marque (4 h 59) en juin 2024 après s’être « installé six mois dans la vallée pour préparer ce record », reconnaît le Français.
« Faire vivre un certain idéal de l’alpinisme »
Une semaine après sa compatriote Élise Poncet, qui a effacé de plus de 34 minutes le précédent record féminin de l’ascension du mont Blanc à ski (en 6 h 54 m 47 s), Benjamin Védrines signe le « Fastest known time » (FKT, le « temps le plus rapide ») du plus haut sommet européen, même s’il a reconnu quelques péripéties lors de son périple – cassant notamment ses bâtons. « Ce n’est jamais parfait, ces ascensions. C’est ce qui fait leur beauté », a-t-il conclu.
Comme Kilian Jornet – qui avait gravi les 82 sommets alpins de plus de 4 000 m en dix-neuf jours à l’été 2024 –, Benjamin Védrines est engagé dans une idée « de faire vivre un certain idéal de l’alpinisme ». En février, le Français avait enchaîné l’ascension des trois grandes faces nord des Alpes, l’Eiger, le Cervin et les Grandes Jorasses, en moins d’une semaine en février, uniquement par la force humaine – sans motorisation, donc, reliant les montagnes à vélo, ski, parapente ou course à pied.