L’une des conséquences les plus visibles de l’élection de Bruno Retailleau à la tête du parti Les Républicains (LR), dimanche 18 mai, s’est jouée au sein du bloc central dans la mise à nu des fragilités du macronisme et du bayrouisme : que moins de 100 000 électeurs, encartés dans un parti qui accumule les déboires depuis 2017, soient parvenus à propulser au rang de présidentiable le ministre de l’intérieur dit quelque chose de la droitisation des esprits et du vent de restauration qui menace d’emporter ceux qui espèrent consolider, au-delà de 2027, l’espace du centre.
A peine élu, même pas déclaré en vue de la présidentielle, l’ancien compagnon de route de Philippe de Villiers a été testé sur les plans de la notoriété et des intentions de vote et installé, par la presse de droite, comme un possible rival d’Edouard Philippe, qui fait figure de favori depuis des mois. La « droite Trocadéro », celle qu’incarnait François Fillon en 2017 et qui fustigeait alors « l’identité heureuse » défendue par Alain Juppé, croit, enfin, tenir sa revanche.
Jouant sur le terreau fertile de l’identité, de la peur de l’islam, de la demande d’autorité, elle ose proclamer, par la voix d’un membre du gouvernement, sa porte-parole Sophie Primas, la fin prochaine du macronisme. De plus, le MoDem et Renaissance se retrouvent en position défensive et peinent à résister à la surenchère qui se joue désormais exclusivement sur les sujets régaliens : quand Edouard Philippe, le patron d’Horizons, prône la suppression du juge d’application des peines, le garde des sceaux, Gérald Darmanin, se fait fort d’évoquer l’ouverture en Guyane d’une prison de haute sécurité pour y enfermer les narcotrafiquants les plus dangereux et les détenus radicalisés sans en avertir ni le président de la République ni le premier ministre.
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