Le dirigeant d’extrême droite néerlandais Geert Wilders a retiré, mardi 3 juin, son parti, le Parti pour la liberté (PVV), de la coalition gouvernementale, en raison d’un désaccord sur l’immigration : « Pas de signature pour notre plan sur l’asile… Le PVV quitte la coalition », a écrit M. Wilders sur le réseau social X, en référence à son programme visant à durcir la politique envers les immigrés et les demandeurs d’asile.
Ce retrait ouvre la voie à des élections anticipées et à une période d’incertitude politique dans la cinquième économie européenne, par ailleurs principal exportateur de l’Union européenne, alors que les partis d’extrême droite progressent dans tout le continent.
M. Wilders estimait que le gouvernement prenait trop de temps à mettre en place la « politique d’immigration la plus stricte jamais vue » aux Pays-Bas voulue par la coalition après la victoire surprise de son parti aux élections de novembre 2023. Fin mai, M. Wilders a convoqué une conférence de presse impromptue pour annoncer que sa patience était « à bout » envers le gouvernement du premier ministre, Dick Schoof.
Ce dernier a jugé « irresponsable » la décision de Geert Wilders. « Ces derniers jours, j’ai informé à plusieurs reprises les quatre chefs de parti que, selon moi, la chute du gouvernement n’était pas nécessaire et irresponsable », a déclaré M. Schoof devant la presse, en précisant qu’il assurerait l’intérim jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement, probablement après des élections anticipées.
Un plan prévu en dix points
M. Wilders avait menacé de torpiller la coalition si un nouveau plan en dix points visant à limiter l’immigration n’était pas mis en œuvre dans les semaines à venir. Son plan prévoyait la fermeture des frontières aux demandeurs d’asile, le renforcement des contrôles aux frontières et l’expulsion des personnes ayant la double nationalité et reconnues coupables d’un crime. Résumant ses exigences, il a déclaré : « Fermez les frontières pour les demandeurs d’asile et les regroupements familiaux. N’ouvrons plus de centres d’asile. Fermons-les. »
Traitant les Marocains de « racailles » et proposant des concours de caricatures du prophète Mahomet, M. Wilders, 61 ans, a bâti sa carrière sur sa croisade contre ce qu’il nomme une « invasion islamique » de l’Occident. Ni les démêlés avec la justice néerlandaise – qui l’a reconnu coupable d’insultes à des Marocains – ni les menaces de mort à son encontre – qui le placent sous protection policière depuis 2004 – ne l’ont découragé.
Après des années de marasme politique, Geert Wilders a fini par percer en 2023, stupéfiant l’Europe et le monde avec une victoire électorale surprise. Le PVV a remporté 37 sièges sur les 150 que compte le Parlement néerlandais, devançant largement les libéraux du VVD et l’alliance entre les écologistes et les sociaux-démocrates.
Pendant la campagne, il avait atténué son discours anti-immigration. Il y a « des problèmes plus importants que la lutte contre le flot de demandeurs d’asile et d’immigrants », avait-il déclaré lors de l’un des derniers débats électoraux, ajoutant qu’il était prêt à mettre de côté ses opinions sur l’islam pour devenir premier ministre.
Système politique néerlandais fondé sur le consensus
Mais ses partenaires de coalition n’étaient pas d’accord. Le système politique néerlandais est construit sur le consensus, aucun parti ne domine seul, et deux des quatre chefs de parti étaient mal à l’aise à l’idée de voir M. Wilders diriger le pays. Il s’est retiré à contrecœur pour qu’un accord de coalition soit trouvé.
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Après des négociations houleuses, les quatre partis ont trouvé un compromis en nommant Dick Schoof comme premier ministre, avec pour mandat d’introduire la politique d’asile « la plus stricte » jamais vue dans le pays. Mais les ambitions de M. Wilders sont restées inassouvies.
Le dirigeant d’extrême droite exprime fréquemment son désir de devenir premier ministre et intensifie son discours anti-islam. « Promenez-vous dans les rues d’Europe occidentale (…) et vous verrez qu’elles ressemblent souvent à une ville arabe médiévale, pleine de foulards et de burqas », a-t-il récemment déclaré dans un discours. « L’islam est en plein essor, mais je ne veux pas qu’il en soit ainsi (…) car l’islam et la liberté sont incompatibles », a-t-il encore dit.