- Dans un monde de surabondance, choisir entre de multiples options est source d’insatisfaction. C’est le paradoxe du choix, théorisé par le psychologue Barry Schwartz.
- Avoir trop d’options peut entraîner des effets psychologiques néfastes comme du stress, de la fatigue mentale ou de mal-être.
- Suivre son instinct est une option pour mieux gérer ce phénomène.
« Choisir c’est renoncer »
, dixit l’écrivain André Gide. Et face à la surabondance d’options qui s’offrent à nous, faire un choix devient de plus en plus compliqué et peut être source d’insatisfaction. C’est ce qu’on appelle le paradoxe du choix, théorisé par le psychologue américain Barry Schwartz en 2004 dans son livre éponyme. Loin d’être synonyme de liberté individuelle, avoir l’embarras du choix serait néfaste pour notre bien-être. On vous en dit plus sur ce phénomène propre aux sociétés occidentales modernes.
Le paradoxe du choix, c’est quoi ?
Se lever tôt ou rester encore un peu au lit ? Boire un café ou du thé ? Aller au travail à vélo ou en métro ? Au quotidien, nous prenons des centaines de décisions, parfois même sans nous en rendre compte. Mais quand le champ des possibles est trop vaste, faire un choix devient plus compliqué. Il vous est sûrement déjà arrivé d’éteindre votre télévision après avoir passé plusieurs minutes à faire défiler des dizaines de titres de films ou de séries sur votre écran, sans parvenir à vous décider. Cette attitude est représentative du paradoxe du choix, théorisé par le philosophe américain Barry Schwartz en 2004. Selon le psychologue américain, auteur du livre Le paradoxe du choix
paru en 2004, au lieu de nous réjouir d’avoir une multitude de possibilités qui s’offrent à nous, nous avons du mal à les évaluer objectivement.
Des conséquences négatives
En effet, lorsque nous sommes confrontés à une multitude d’options, notre cerveau doit traiter une grande quantité d’informations, entraînant au passage une fatigue mentale qui peut bloquer la prise de décision. Submergé par tant de possibilités, on préfère souvent abandonner. Bruno Patino, président d’Arte et auteur du livre Submersion
paru en 2023, parle alors de « procrastination infinie »
. Un trop plein de choix peut aussi être source d’anxiété par peur de prendre une mauvaise décision. Et même après avoir pris une décision, nous pouvons être insatisfaits en imaginant que les autres options étaient potentiellement meilleures. Avec des si, on refait le monde, mais on se fait aussi beaucoup de mouron.
La faute à l’hyper connexion ?
Si la théorie de Barry Schwartz a déjà plus de vingt ans, elle est plus que jamais d’actualité. Instagram, TikTok, Netfflix, Tinder…. Nos sociétés modernes hyper connectées engendrent un flux constant de stimuli, générés par les plateformes de streaming et les réseaux sociaux, impossible à analyser. Bruno Patino s’est interrogé sur la question de la connexion permanente et du choix a priori illimité dans son livre. Selon ses propos relayés dans une interview à La Vie
parue en 2023, « le fait que l’outil numérique nous donne accès à une multitude de contenus devrait nous rendre heureux, voire extatiques. Au lieu de ça, nous avons tendance à nous sentir envahis. L’abondance de biens, de messages, d’images, de musiques a été une promesse. Désormais, c’est un problème »
. Si au paradoxe du choix, Bruno Patino préfère l’expression de « fatigue décisionnelle »
, l’analyse reste la même : loin d’être un symbole de liberté individuelle, prendre une décision s’apparente davantage à un poids à porter au quotidien.
Comment gérer le paradoxe du choix ?
Pour gérer le paradoxe du choix, plusieurs options sont néanmoins envisageables. Au premier rang desquelles le fait d’établir des critères de sélection précis pour faire le tri efficacement parmi les options. Le champ des possibles est aujourd’hui (presque) infini, mais gardez en tête que vous ne pourrez pas tous les explorer. Si vous avez du mal à trancher, vous pouvez aussi demander l’avis d’une tierce personne. Par ailleurs, vous pouvez faire confiance à votre instinct. “On n’a jamais tous les paramètres en main pour élaborer un raisonnement 100% logique. Les intuitions sont précieuses car elles expriment nos expériences et nos motivations profondes”
, explique Bernard Anselem, neuropsychologue et consultant en entreprise dans un article de Capital
(nouvelle fenêtre)paru en 2023. Dès lors qu’une option vous paraît suffisamment bonne, suivez-la. Après tout, ne dit-on pas que le mieux est l’ennemi du bien ?