C’est le propre de l’âge d’or : il n’a jamais existé. Et lorsque Donald Trump l’évoque en prétendant rendre à l’Amérique sa grandeur (« Make America great again »), on est bien en peine d’identifier ces temps mythiques. Les années Reagan ? Certainement pas, elles qui marquent le début de la mondialisation et qui sont fondatrices de l’obsession protectionniste de Donald Trump, pour cause de Japon conquérant. Le Gilded Age, l’« âge doré » de la fin du XIXe siècle et de la présidence de William McKinley (1897-1901), qui avait imposé des droits de douane ? Trump le prétend, mais la défense de ces temps de misère ouvrière épouvantable serait délicate à soutenir pour un président populiste. Dernière personnalité en date évoquée par Trump, Dwight D. Eisenhower, surtout connu pour avoir organisé le débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, mais qui fut président des Etats-Unis de 1953 à 1961.
Donald Trump, éphémère adepte des grands travaux, avait vanté lors de son premier mandat les autoroutes fédérales bâties par son lointain prédécesseur républicain. Devant le Congrès, le 6 mars 2025, il a rappelé une opération méconnue d’Eisenhower, l’expulsion massive d’immigrés mexicains. « Nous achèverons la plus grande opération d’expulsion de l’histoire américaine, plus grande encore que celle du détenteur actuel du record, le président Dwight D. Eisenhower, un homme modéré mais qui croyait très fermement aux frontières », s’exaltait M. Trump. Avec cette référence, l’actuel locataire de la Maison Blanche nourrit en fait la nostalgie des années 1950, qui serait un temps de l’innocence – pré-1968, pré-Watergate, pré-Vietnam –, qui plaît aux conservateurs et aux Moms for Liberty, un mouvement trumpiste vantant la famille (blanche) traditionnelle. C’était aussi le temps de la gloire industrielle américaine et des syndicats forts, où le col bleu se sentait protégé.
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