L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
En ces temps de dérèglement d’un cinéma américain frappé par une crise structurelle, la perte de repères va avec un délitement des normes, qui, logiquement, favorise l’apparition d’objets déviants, souvent aberrants (Babylone, de Damien Chazelle, ou Amsterdam, de David O. Russell, en 2022), accidentellement prodigieux (Here, de Robert Zemeckis, en 2024). Avec Life of Chuck, présenté en septembre 2024 au Festival de Toronto, surgit l’une de ces heureuses surprises qu’on n’attendait pas : sans doute l’œuvre la plus originale qu’Hollywood ait récemment produite.
Tiré d’une nouvelle de Stephen King (dans le recueil Si ça saigne, 2020), le film est signé Mike Flanagan, habitué des adaptations de l’écrivain mainois (Jessie en 2017, Doctor Sleep en 2019). Figure de la nouvelle vague horrifique, Flanagan circule librement entre cinéma et séries (dont les remarquables The Haunting of Hill House et Sermons de minuit). L’épouvante lui sert surtout de rampe d’accès vers le secret perdu de l’émotion, voie qu’il assume complètement, quitte à s’éloigner du genre avec Life of Chuck.
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