Une nouvelle initiative a été lancée le 1er juin aux Etats-Unis pour débarrasser la recherche médicale d’articles jugés de mauvaises qualités, voire frauduleux. En identifiant des publications douteuses, The Medical Evidence Project veut ainsi éviter que des guides de bonnes pratiques, des décisions médicales, des autorisations de traitements, etc., soient influencés par une littérature scientifique défaillante. Il s’agit aussi de mener plus rapidement ce « nettoyage » que les maisons d’édition desdits articles ou que les universités qui emploient les auteurs suspectés de fraudes.
Le projet est hébergé par l’association Center for Scientific Integrity (CSI), déjà connue pour soutenir le média spécialisé Retraction Watch ainsi que la base de données du même nom qui recense les articles rétractés. Le CSI a également financé deux bourses pour des spécialistes de la traque à la mauvaise science. Le budget, de 900 000 dollars (790 000 euros) sur deux ans, est apporté par l’association Open Philanthropy, qui a récemment annoncé cofinancer le projet canadien LoiZéro de développement d’« intelligences artificielles sécuritaires ».
A la tête de l’initiative, le chercheur australien James Heathers, dont les investigations ont conduit à la rétractation de plusieurs articles. Il s’était notamment intéressé au Français Nicolas Guéguen, qui a dû retirer au moins neuf de ses articles. L’éditeur Elsevier a aussi expurgé 500 articles d’un coup en 2022, après une enquête de l’Australien et de ses collègues.
Deux études indépendantes récentes, en mars et en avril, ont confirmé que les études rétractées peuvent biaiser les résultats des méta-analyses (articles synthétisant un ensemble de publications sur un sujet). Enlever les articles rétractés peut amoindrir le niveau de preuve en faveur d’un traitement.
« Plus de contrôles qualité »
Le communiqué annonçant le projet cite aussi deux exemples, portant sur des bêtabloquants et des traitements contre l’ostéoporose. Dans ces deux cas, les pratiques médicales reposaient sur des articles qui se sont révélés frauduleux.
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