Personne ne contestera à Nelson Mandela (1918-2013) l’expertise du leadership. Dans son autobiographie, Un long chemin vers la liberté (Fayard, 1995), il en livrait une analyse tout en finesse : le leadership, selon lui, peut s’exercer depuis l’arrière. « Un leader est comme un berger, écrit-il. Il reste derrière le troupeau, laisse les plus agiles devant de manière que les autres suivent, sans se rendre compte qu’ils sont dirigés depuis l’arrière. »
Est-ce chez Mandela que Barack Obama a puisé l’inspiration pour introduire dans la politique étrangère américaine, en 2011, la notion de « leadership depuis l’arrière », popularisé sous l’expression « leading from behind » par un conseiller anonyme dans une interview au New Yorker ? On l’ignore, mais le conseiller en question s’est mordu les doigts d’avoir dévoilé le concept tant celui-ci a soulevé de polémiques dans les milieux conservateurs. Comment la première puissance mondiale pouvait-elle se targuer de « diriger depuis l’arrière », elle dont le rôle ne pouvait être qu’en tête ?
L’affaire concernait la Libye, où Barack Obama, élu président trois ans plus tôt sur la promesse de tirer son pays des bourbiers afghan et irakien, avait imaginé ce dispositif d’intervention limitée, en coalition, pour protéger la population libyenne menacée de massacre de masse par le colonel Mouammar Kadhafi, confronté depuis le 15 février à une contestation populaire faisant écho aux manifestations voisines d’Egypte et de Tunisie, berceau du « printemps arabe ».
Objectif, libérer Washington pour sa priorité : l’Asie
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