- Programmée fin juin, la marche des fiertés de Budapest est menacée par les autorités hongroises, qui annoncent son interdiction.
- Une décision que conteste le maire de la ville : il défend la tenue de l’événement et réfute les arguments qui lui sont opposés.
- Une série d’eurodéputés ont annoncé leur présence à cette marche, déplorant les dérives de Viktor Orban.
La marche des fiertés, prévue le 28 juin dans la capitale hongroise Budapest, est plus que jamais menacée. La police a annoncé jeudi son interdiction, invoquant une récente loi anti-LGBT+ du gouvernement nationaliste de Viktor Orban, mais le maire de ville a répliqué et annoncé qu’il comptait maintenir le rassemblement.
Dans cette décision publiée sur internet, les forces de l’ordre expliquent agir « dans le cadre de leur compétence en matière de rassemblements publics »
. Le document de 16 pages s’appuie sur un texte adopté mi-mars visant à bannir toute manifestation qui violerait la législation de 2021 interdisant d’évoquer auprès des mineurs « l’homosexualité et le changement de sexe ».
Les forces de l’ordre s’appuient aussi sur un amendement constitutionnel voté peu après, affirmant « la primauté du droit des enfants à un développement physique, mental et moral correct sur tout autre droit »
, y compris celui de se rassembler.
Le maire s’oppose à une annulation
« Il ne peut être exclu que des personnes de moins de 18 ans soient exposées à des comportements interdits par la loi »
, par leur présence à la marche ou « de manière passive »
du fait de son caractère public, met en avant le chef de la police. Avec à l’appui, des photos de couples homosexuels s’embrassant lors de précédentes marches des fiertés. Selon les autorités, la marche doit se dérouler dans un lieu fermé, comme un stade, hors du regard des enfants.
Cette interdiction est contestée par le maire écologiste de Budapest, qui avait annoncé lundi prendre en charge l’organisation en espérant ainsi contourner la législation. À ses yeux, cette décision « n’a aucune valeur »
. Il s’agit d’un « événement municipal »
ne nécessitant pas d’autorisation officielle, a assuré sur Facebook l’édile Gergely Karacsony. « Le 28 juin, la municipalité organisera la Budapest Pride. Point final »
, insiste-t-il sans même évoquer la possibilité de contester l’interdiction auprès de la Cour suprême (Curia).
Les organisateurs n’ont pas souhaité s’exprimer, laissant le soin à la mairie de communiquer. Maté Hegedus, porte-parole de la marche des fiertés, avait défendu en début de semaine « le droit constitutionnel à se rassembler pacifiquement ».
Avant cette annonce, le gouvernement avait accusé le premier édile « d’essayer de tricher ». « Tous les événements de ce type doivent être signalés et la police a le droit de les interdire. Aucun expert juridique sérieux n’oserait contester cela »
, a déclaré mercredi Gergely Gulyas, directeur de cabinet du Premier ministre.
Quelques dizaines d’eurodéputés issus de formation du centre et de la gauche ont prévu de se joindre au cortège pour dénoncer la politique de M. Orban, accusé de dérive autoritaire en 15 ans de pouvoir. Sont notamment attendues la présidente des centristes Valérie Hayer et la cheffe des Verts Terry Reintke. La commissaire européenne chargée de l’égalité, Hadja Lahbib, se rendra quant à Budapest pour « défendre les valeurs européennes »
et espère s’entretenir avec les autorités hongroises. Elle pourrait également être présente à la marche.