- Depuis la fermeture du parc en janvier, le sort des deux orques du Marineland d’Antibes est presque devenu une affaire d’État.
- Toutes les options envisagées de transfert pour les cétacés, en Europe et ailleurs, ont été abandonnées.
- Le plus gros parc aquatique animalier d’Europe a décidé de nous ouvrir ses portes.
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Le 20H
Ils continuent de sauter dans les bassins du Marineland d’Antibes, mais devant des gradins vides. Les orques azuréennes Wikie et son fils Keijo plongent dans l’eau et se font brosser sous le regard attentif de notre caméra. « Ils vont très bien »
, assure Katia, responsable légale des animaux. Chaque jour, les soigneurs encore présents nourrissent, bichonnent, et font faire de l’exercice aux douze dauphins et deux orques restants. « On va vraiment les faire se dépenser. Il y a de la stimulation plus intellectuelle. Ça passe beaucoup par le jeu »
, détaille-t-elle encore, un large sourire aux lèvres.
Sur les 103 salariés, une quarantaine est toujours en activité, dont 20 soigneurs. Le parc, qui a définitivement fermé au public le 5 janvier, n’enregistre plus aucun revenu, mais doit continuer à payer à fonds perdus la maintenance, la nourriture pour les animaux, ou encore la masse salariale, soit 2 à 5 millions d’euros de dépenses annuelles.
Le parc se veut rassurant après la polémique sur le sort de ces cétacés, relancée le mois dernier par une vidéo. Sur les images tournées début mai à l’aide d’un drone, on peut voir les deux orques et les dauphins seuls dans des bassins aux bords verts d’algues, au milieu des installations vides et saumâtres des autres animaux déjà transférés. « Jusqu’alors, on faisait attention à garder les bassins propres pour une raison purement esthétique, sauf que pour les animaux, c’est bien mieux qu’il y ait des algues. Ils vont pouvoir se rouler dedans »
, défend Damien, directeur animalier du parc.
L’association One Voice, elle, reste vigilante. « Les images où il n’y avait personne autour des bassins en pleine journée montrent bien que ça, ce n’est pas le quotidien des animaux »,
rappelle la responsable des actions, Corinne Bouvot. « Il existe bien de longues périodes où ils flottent désespérément »,
regrette-t-elle.
Nouvelle demande pour 10 dauphins à Malaga
Fermé en raison du désamour du public pour ce modèle de parc et de la loi de 2021 sur le bien-être animal qui interdira à partir de fin 2026 les spectacles de cétacés, Marineland espérait transférer ses orques dans un autre parc au Japon. Mais le gouvernement français s’y est opposé, exigeant un transfert dans un parc européen, aux normes plus protectrices.
Si le seul équipé pour des orques se trouve à Tenerife (Espagne), Madrid a aussi mis son veto mi-avril, estimant que ces installations « ne répondaient pas aux exigences »
, selon l’entourage de la ministre Agnès Pannier-Runacher. « Le parc a déjà proposé des solutions (Japon, Espagne…) qui ont toutes été refusées. Nous venons de déposer une nouvelle demande pour 10 dauphins à Malaga »
, informe Marineland.
Le ton était encore monté ces derniers jours, le parc appelant le gouvernement à « prendre ses responsabilités »
de façon urgente, pour régler « cette situation qu’ils ont eux-mêmes provoquée ».