« Marteau de minuit » : le nom même de l’opération suggère la force et la surprise nocturne. Avant même de pouvoir mesurer leurs effets, les autorités américaines ont abondamment commenté les bombardements conduits, samedi 21 juin, contre trois sites du programme nucléaire iranien, à Natanz, Ispahan et Fordo. Après l’allocution solennelle de Donald Trump, qui avait salué « un succès militaire spectaculaire », le Pentagone a offert le lendemain des détails opérationnels. La démonstration de force américaine était saluée, sans considération pour les multiples zones d’ombre, l’incertitude sur la réponse iranienne et la portée géopolitique de cette action unilatérale, confirmant que le monde occidental ne pouvait plus se prévaloir de la moindre exemplarité.
Le général Dan Caine, chef d’état-major des forces armées, a décrit une opération complexe, conçue avec des leurres, dont « très peu de personnes » à Washington connaissaient les détails. Tandis qu’un premier groupe de bombardiers B2 prenait la direction du Pacifique en guise de diversion, sept autres appareils identiques s’envolaient de la base Whiteman, dans le Missouri, vers le Moyen-Orient. Les communications étaient réduites au minimum, le ravitaillement assuré dans les airs lors du trajet de dix-huit heures. Peu avant l’entrée des B2 dans l’espace aérien iranien, un sous-marin américain tirait une vingtaine de missiles de croisière Tomahawk contre des « infrastructures-clés », pour préparer le terrain. Détail significatif : pas une seule fois au cours de la mission les Iraniens ne seraient parvenus à tirer sur les avions américains. Vers deux heures du matin, heure locale, chacun des sept B2 a largué deux bombes antibunker GBU-57, dont douze ont visé exclusivement le site de Fordo.
Il vous reste 82.76% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.