« J’voudrais faire un slam pour une grande dame/ Que j’connais depuis tout petit/ (…) pour celle qui voit ma vieille canne/ Du lundi au samedi/ (…) pour une vieille femme/ Dans laquelle j’ai grandi/ (…) pour cette banlieue nord de Paname/ Qu’on appelle Saint-Denis », slamait Grand Corps Malade en 2006 sur son premier album, Midi 20 (AZ). Peu après les émeutes urbaines de 2005, l’artiste rend hommage à sa cité. « Prends la ligne D du RER/ Et erre dans les rues sévères/ D’une ville pleine de caractère/ (…) Si t’aimes voyager, prends l’tramway et va au marché/ En une heure, tu traverseras Alger et Tanger/ Tu verras des Yougos et des Roms/ (…) J’t’emmènerai bouffer du mafé à Bamako et à Yamoussoukro. »
Ouvert les mardis, vendredis et dimanches, l’un des plus grands marchés d’Ile-de-France se tient sous sa grande halle style Baltard et déborde largement sur les rues avoisinantes. Quelques vendeurs à la sauvette proposent du Sniper 1000, un insecticide interdit en France depuis 2013, parmi leurs lots d’ail, de piment et de citron vert. On peut acheter des valises, des montres, des chaussures à 10 euros… A l’intérieur du marché, ça sent la menthe et les épices. Le boucher vend des têtes de porc entières et des cœurs de bœuf monumentaux. Le restaurant martiniquais Lova Délices fait goûter ses accras de morue, et le Libanais prépare des galettes poulet taboulé citron très appréciées. « Au marché de Saint-Denis, faut qu’tu sois sique-phy [physique]/ Si t’aimes pas être bousculé, tu devras rester zen », scandait Grand Corps Malade.
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