Du jamais-vu au Costa Rica. La justice a demandé, mardi 1ᵉʳ juillet, au Parlement, pour la première fois de son histoire, de lever l’immunité du président, Rodrigo Chaves, afin que ce dernier puisse être poursuivi pour corruption.
Sur fond de conflit ouvert entre les organes du pouvoir, la cour plénière de la Cour suprême a décidé à la majorité des voix de « transmettre à l’Assemblée législative la demande de levée de l’immunité » du président, selon un communiqué du pouvoir judiciaire.
M. Chaves, économiste conservateur de 64 ans, est accusé par le procureur général, Carlo Diaz, avec qui il est en conflit ouvert, d’avoir obligé une entreprise de services de communication embauchée par la présidence à verser 32 000 dollars (soit 27 294,44 euros) à son ami et ancien conseiller en image, Federico Cruz.
Le parquet accuse le président de concussion, un délit puni de deux à huit ans de prison pour les fonctionnaires qui obligent ou incitent à « donner ou promettre indûment, pour eux-mêmes ou pour un tiers, un bien ou avantage patrimonial ».
Visé par d’autres enquêtes
« La décision finale revient » aux députés, a précisé la Cour suprême dans son communiqué, en demandant également la levée de l’immunité du ministre de la culture, Jorge Rodriguez, pour les mêmes raisons.
Selon une enquête, le contrat avec l’entreprise pour la présidence de Chaves de 2022 à 2026 a été effectué avec les fonds de la Banque centraméricaine d’intégration économique par le biais d’une procédure « apparemment » irrégulière.
Le président élu en 2022 n’a, jusqu’à présent, pas réagi, tandis que M. Rodriguez a déclaré avoir « la conscience tranquille ».
Les autorités judiciaires et électorales mènent également d’autres enquêtes contre le président.
Lors de ses conférences et actes officiels, Rodrigo Chaves prend régulièrement à partie opposants politiques, juges, procureurs et députés ainsi que la presse critique à son égard.
Ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, il n’est pas autorisé à briguer un nouveau mandat mais pourrait chercher à obtenir un siège au Parlement lors des élections générales de 2026.