Toujours à la recherche de nouveaux consommateurs, les industriels du tabac et de la nicotine diversifient sans cesse les produits afin de reconstituer leur clientèle : cigarettes électroniques, tabac chauffé, sachets de nicotine…
Dans toute l’Europe, ces industriels déploient un marketing agressif envers les jeunes. Ils n’hésitent pas à utiliser un discours proche de celui d’un acteur de santé publique, présentant ces nouveaux produits comme des outils de sortie du tabagisme alors même que ce marché reste la principale source de revenus des cigarettiers.
Pour eux, deux objectifs : renouveler leur image et leur clientèle et devancer les législateurs européens pour normaliser la commercialisation de ces produits hautement addictifs avant leur régulation ou interdiction. Plusieurs de ces produits sont ainsi aujourd’hui disponibles à la vente alors même que leur cadre juridique est inexistant.
Retard coupable
C’est le cas des sachets de poudre de nicotine, nouveaux produits phare de l’industrie du tabac. Philip Morris International (PMI) a vendu près de 600 millions de boîtes de Zyn aux Etats-Unis en 2024 et vise l’Europe, comme British American Tobacco avec sa marque Velo.
L’Union européenne (UE) accuse un retard coupable sur ce sujet : les directives régulant la taxation et la vente des produits du tabac et connexes subissent un retard de plusieurs années. En cause, l’influence des industriels qui dépensent chaque année près de 20 millions d’euros en lobbying à Bruxelles.
Pour compenser ce retard, plusieurs Etats membres ont décidé de réguler eux-mêmes ces produits. Après leur interdiction en Belgique, la France a indiqué son souhait d’interdire plus largement les produits oraux de la nicotine (hors cigarettes électroniques et substituts nicotiniques), tandis que l’Espagne veut limiter la teneur en nicotine au strict minimum.
Or, non seulement ces Etats subissent, en interne, une pression médiatique dirigée par l’industrie pour contester ces régulations (campagnes de communication dans la presse et sur les réseaux sociaux, diffusion de fausses études…), mais d’autres Etats membres de l’UE utilisent aussi leur influence politique pour soutenir l’industrie dans la commercialisation de ces nouveaux produits.
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