- Le Dalaï Lama a confirmé mercredi qu’un successeur serait désigné à sa mort pour assurer la continuité de sa fonction de chef spirituel de la communauté tibétaine.
- Une prise de parole très attendue par les Tibétains, ces derniers soupçonnant la Chine de vouloir nommer son propre successeur.
La décision était attendue. Mercredi 2 juillet, le Dalaï Lama a confirmé qu’un successeur serait désigné à sa mort pour assurer la continuité de sa fonction de chef spirituel de la communauté tibétaine. « J’affirme que l’institution du Dalaï Lama sera perpétuée »
, a-t-il indiqué dans un message lu lors d’une réunion religieuse à McLeod Ganj, dans le nord de l’Inde, où il vit en exil.
L’ombre de Pékin
Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l’état civil, est devenu dès l’âge de deux ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié par la tradition bouddhiste, comme la réincarnation de son prédécesseur. Il a fui le Tibet, sous contrôle de la Chine depuis 1950, et passe depuis l’essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l’Himalaya indien.
Lauréat en 1989 du prix Nobel de la paix, il incarne dans le monde entier le combat pour la liberté du territoire himalayen. La question de sa succession est cruciale, les Tibétains soupçonnant la Chine de vouloir lui nommer un successeur à sa main. « La responsabilité (de la nomination d’un successeur, ndlr) reposera exclusivement sur les membres du Ganden Phodrang Trust, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama »
, est-il précisé.
« Ils conduiront les procédures de recherche et de reconnaissance (du successeur) en accord avec la tradition passée »
, a-t-il poursuivi, « personne d’autre n’a l’autorité requise pour se mêler de cette question »
. L’actuel Dalaï Lama, considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, avait déjà publiquement écarté l’idée que le 15ᵉ Dalaï Lama puisse être nommé par les Chinois. Il sera forcément « né dans le monde libre »
, a-t-il promis publiquement à de nombreuses reprises.
En 1995, la Chine avait enlevé et placé en détention un enfant de 6 ans que le Dalaï Lama venait de désigner comme Panchen Lama, l’autre figure religieuse tibétaine de premier plan. Et elle avait dans la foulée nommé, à ce titre, le candidat de son choix, aussitôt rejeté par les Tibétains comme le « faux Panchen »
. Si ces dernières années, le Dalaï Lama a suggéré l’idée qu’il pourrait être le dernier, une majorité de Tibétains était favorable à la poursuite du « cycle de la réincarnation ».
Dans son message, il a fait état mercredi des nombreuses sollicitations de sa communauté en faveur de la prolongation de sa charge.