L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Jan-Ole Gerster collabora comme assistant, voici une vingtaine d’années, avec Wolfgang Becker sur la comédie allemande Good Bye, Lenin ! (2003). Sa veine en tant qu’auteur est plus sombre, comme en témoignaient ses deux films distribués à ce jour en France, Oh Boy (2012), et Lara Jenkins (2020). Islands, son nouvel opus, rejoint quant à lui la catégorie de ce qu’on pourrait appeler les chroniques de l’ubérisation touristique du monde. Des animateurs d’un club estival en Grèce (Animal, de Sofia Exarchou, 2020) à la vie d’une hôtesse de l’air low cost (Rien à foutre, d’Emmanuel Marre et de Julie Lecoustre, 2021), en passant par le tour de chant d’un vieux crooner autrichien charmant des cargaisons de dames dans une station thermale italienne (Rimini, d’Ulrich Seidl, 2022), il s’agit toujours et encore d’user jusqu’à la corde la matière humaine.
Ici, Tom (interprété par Sam Riley, qui fut un parfait Ian Curtis dans Control, d’Anton Corbijn en 2007) est professeur de tennis dans un hôtel situé sur une île espagnole, déphasé, décavé, affichant, à l’âge mûr, une jeunesse qui se défile, fuyant on ne sait quoi, n’espérant rien de plus précis. Cours mécaniques à de riches Anglo-Saxons de passage. Alcoolisation raisonnable. Coke et cigarettes. Boîtes de nuit, où éventuellement poursuivre les cours sur un autre registre. Matins blêmes avec gueule de bois où il faut, sous le cagnard, de nouveau taper la balle. Cela jusqu’à l’arrivée d’un jeune couple anglais avec enfant. Rien, dans cette famille, ne semble aller. Le père est un provocateur pervers. La mère a sacrifié sa vocation d’actrice à l’éducation de son fils, lequel s’éprend de la gentillesse du professeur de tennis.
Il vous reste 48.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.