L’écrivaine Florence Delay s’est éteinte, le 1er juillet, à Paris, à l’âge de 84 ans. Mais y a-t-il un verbe qui puisse aussi mal lui convenir que « s’éteindre », elle qui fut toute lumière, éblouissante amitié, érudition joyeuse, soyeuse élégance et curiosité de toujours : une flamme, preste et souriante, dont on ne saurait imaginer qu’elle s’achève. Académicienne en strict uniforme d’Immortelle, elle incarnait pourtant les plus franches délices de la liberté et sans doute le meilleur d’un certain esprit français… mâtiné d’Espagne et de malice.
La France des lettres et des arts, elle en était directement issue. Née en 1941 à Paris, fille du professeur Jean Delay (1907-1987), psychiatre éminent et ami d’André Gide, lui-même académicien, écrivain et fin connaisseur de Gérard de Nerval, elle a consacré à ce père illustre un livre, Dit Nerval (Gallimard, 1999), sous le signe du poète des Filles du feu. Une fille du feu ? S’il n’y avait quelque indélicatesse à cela, on pourrait caractériser ainsi les débuts de Florence Delay, qui se firent au cinéma sous le nom maternel de Florence Carrez : elle fut à 20 ans la Jeanne d’Arc du film de Robert Bresson (Procès de Jeanne d’Arc, 1962), avant de se passionner pour le théâtre et l’Espagne, les deux se conjuguant volontiers.
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