Un épisode de transmission autochtone du chikungunya a été détecté dans la région Grand-Est, ce qui, avec la précocité et le nombre d’épisodes déjà identifiés, « confirme le risque important de transmission autochtone » en métropole, a déclaré, mercredi 2 juillet, Santé publique France. Jusqu’ici, tous les cas autochtones relevés depuis le début de la saison d’activité du moustique tigre se situaient dans le sud de la métropole (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse, Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes).
« Sept épisodes de transmission autochtone de chikungunya ont été identifiés dans cinq régions, dont quatre déjà affectées par des épisodes de transmission autochtone dans les années précédentes. Pour la première fois, un épisode de transmission autochtone a été identifié en région Grand-Est », note l’agence dans un bilan hebdomadaire.
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a, par ailleurs, rapporté mercredi avoir établi neuf cas d’effets indésirables graves du vaccin Ixchiq contre le chikungunya depuis le début de la campagne de vaccination.
Un risque accru par les conditions climatiques
Un cas autochtone du chikungunya, virus qui se transmet par des piqûres de moustiques tigres et se traduit par de la fièvre et des douleurs articulaires, signifie que la contamination a eu lieu sur place, et non hors du territoire. Cette année, les cas autochtones de chikungunya sont les plus précoces jamais identifiés en France hexagonale, rappelle Santé publique France. « Une telle précocité dans la saison d’activité du moustique et un nombre aussi élevé d’épisodes n’avaient jamais été observés jusqu’à présent », insiste-t-elle.
Ce cocktail « confirme le risque important de transmission autochtone de chikungunya sur le territoire hexagonal, y compris dans des régions indemnes jusqu’à présent », prévient Santé publique France, qui pointe aussi un lien avec l’épidémie survenue à La Réunion et dans l’océan Indien.
S’il a diminué, le nombre de cas importés de chikungunya ayant voyagé à La Réunion et dans l’océan Indien « reste élevé » (712 depuis le début de mai) et « contribue à l’apparition précoce de transmissions autochtones, d’autant que la souche du virus chikungunya circulant à La Réunion est bien adaptée au moustique Aedes albopictus », ajoute-t-elle.
Le risque d’une transmission épidémique en métropole est aussi accru par le retour des fortes chaleurs. Les températures élevées contribuent en effet à la circulation du moustique tigre, un phénomène accentué par le réchauffement climatique.
Des effets indésirables graves après vaccination identifiés
Parallèlement à La Réunion, où l’épidémie s’atténue désormais franchement avec l’arrivée de l’hiver austral, après avoir causé une vingtaine de morts et touché environ 200 000 habitants, à Mayotte une autre épidémie de chikungunya est en cours, d’une ampleur incertaine.
La campagne de vaccination des plus de 65 ans avec le vaccin Ixchiq à Mayotte et à La Réunion avait été arrêtée à la fin d’avril, après plusieurs « événements indésirables graves » impliquant ce vaccin.
Alors que les autorités sanitaires pilotent une surveillance renforcée, qui comprend une enquête de pharmacovigilance, les premières analyses de celle-ci, rendues publiques mercredi, rapportent que « 47 cas d’effets indésirables ont été déclarés et analysés sur l’ensemble du territoire français » entre le 7 mars et le 2 juin 2025, dont « 18 cas graves », qui ont concerné des patients âgés en moyenne de 74 ans, selon l’ANSM.
La majorité des cas (77 %) proviennent de La Réunion, et les principaux effets indésirables graves rapportés évoquent des symptômes similaires à ceux d’une forme grave d’infection au virus chikungunya, précise le communiqué. « L’évaluation pharmacologique montre qu’il existe un lien entre le vaccin et les effets indésirables graves pour neuf de ces patients », ajoute l’ANSM.
Parmi les cas graves, trois morts ont été rapportées chez des personnes de plus de 65 ans atteintes d’autres pathologies, huit patients étaient rétablis ou en cours de rétablissement, et sept n’étaient pas rétablis, précise l’ANSM. Pour l’une des morts, le lien avec le vaccin semble « très vraisemblable », tandis que pour les deux autres l’imputabilité du vaccin n’est pas établie « à ce jour ».
L’enquête de pharmacovigilance met également en évidence « des effets indésirables nouveaux ou inhabituels, suggérant un rôle possible du vaccin et qui demandent des investigations complémentaires ». Ces signaux potentiels concernent : le risque d’encéphalopathie ou d’encéphalite (trois cas) chez des personnes âgées qui présentent des comorbidités ; le risque de chute à distance de la vaccination (sept cas) ; le risque de microangiopathie thrombotique (un cas). Ils font l’objet d’investigations complémentaires au niveau européen.