- Lorsque l’on broie du noir, que l’on est contrarié, que l’on ressent de la fatigue ou du stress, on a souvent le réflexe d’ouvrir les placards de la cuisine ou le frigo.
- On se réfugie dans des plats réconfortants ou des aliments sucrés, pas forcément sains pour la santé.
- C’est ce qu’on appelle l’alimentation émotionnelle.
D’après la psychologue et chargée de recherche à l’Inserm, Sylvie Berthoz, ce concept d’alimentation émotionnelle peut se définir comme « le fait de moduler la consommation alimentaire en réponse à un ressenti émotionnel plutôt qu’à celui de la faim ou de la satiété
« . En résumé, nous mangeons nos émotions. Dans un article publié dans la revue European Psychiatry (nouvelle fenêtre), elle explique que « les mécanismes mis en cause sont les mêmes que ceux incriminés dans les abus de substances ou certaines addictions comportementales : la nourriture serait utilisée pour ‘s’automédiquer’ d’un ressenti déplaisant
« . Parce que nous ne sommes pas capables d’exprimer nos émotions, nous les étouffons par le biais de la nourriture qui devient alors un substitut d’équilibre émotionnel.
Le problème est que nous nous réfugions dans des aliments certes réconfortants, mais néfastes pour notre organisme : du sucre, du gras, du salé. « Un recours à la prise alimentaire pour se réconforter d’un éprouvé négatif est de plus en plus mis en cause dans la surconsommation (overeating) et l’obésité ainsi que dans les différents sous-types de troubles du comportement alimentaire
« , écrit Sylvie Berthoz. À terme, manger ses émotions peut également troubler les signaux de la faim et de la satiété, mais aussi saper davantage la confiance et l’estime de soi. (nouvelle fenêtre) De plus, les kilos émotionnels pris ne disparaissent pas facilement, malgré les rééquilibrages alimentaires.
La politique des petits pas pour sortir de l’alimentation émotionnelle
Interrogé par Ici
(anciennement France Bleu
), le docteur Jean Doridot explique « quand vous mangez quelque chose de salé ou de très gras, cela va déclencher de la dopamine. C’est un shoot de plaisir et on a envie de recommencer. Dès qu’on commence à prendre l’habitude de tomber dans le placard à bonbons, ce n’est pas bon
« . Pour briser le cercle vicieux, il conseille d’apprendre à occuper d’une part son corps, mais aussi ses mains et son esprit. Comment ? En pratiquant la méditation ou une activité physique pour éviter à sa tête d’aller chercher une compensation ailleurs. Bien entendu, il est aussi important de s’observer, de s’écouter et de ne pas culpabiliser. La psychologue Roseline Levy-Basse, consultée par France Inter
, propose d’appliquer la « politique des petits pas », c’est-à-dire « on peut commencer par s’appuyer sur une expérience réussie et voir au fur et à mesure que l’on est capable de faire un certain nombre de choses
« . Et si rien ne fonctionne et que les fringales émotionnelles sont toujours là, il est important d’aller consulter un médecin généraliste ou un psychothérapeute. Le but ? Identifier les émotions qui favorisent l’émergence de cette alimentation et développer des stratégies pour en sortir. Il ne s’agit pas de faire un régime, mais bien de se comprendre.