Rares sont les photos du quotidien des Iraniens qui nous sont parvenues durant les douze jours d’affrontements entre Israël et l’Iran. Après que l’accès à l’Internet mondial a été coupé par les autorités de Téhéran, le 18 juin, seuls les Iraniens munis de VPN pouvaient, difficilement, joindre leurs proches. Dans ce contexte, le travail réalisé par la photographe iranienne Forough Alaei, 36 ans, sur la fuite de sa famille, de la capitale iranienne jusqu’aux rives de la mer Caspienne est unique. Loin des clichés d’une population sous l’emprise du régime islamiste, elle offre un tableau, intimiste et sans fard, décrivant des scènes de vie familiale dans un moment charnière de l’histoire du pays.
Le dimanche 15 juin, deux jours après le début des bombardements israéliens, Forough Alaei a quitté la capitale avec sa famille pour se réfugier chez son oncle, à Abbas Abad, sur les bords de la mer Caspienne. « Ma sœur a téléphoné, en panique, pour nous prévenir que notre quartier avait été frappé, raconte la photographe. Les fenêtres des voisins avaient volé en éclats. Tiara, ma nièce de 8 ans, était terrorisée et n’arrivait pas à se calmer. Je lui ai dit de rassembler leurs affaires, que nous viendrions les chercher en voiture pour quitter Téhéran (…) Je n’avais jamais vu de tels embouteillages… D’habitude, moins de quatre heures suffisent à rejoindre la mer ; ce jour-là, il nous a fallu seize heures pour y arriver. » Forough Alaei et sa famille sont restées sur la côte pendant toute la guerre, entre la maison de son oncle, à Abbas Abad, et celle de sa tante, à Sari, avant de retourner à Téhéran. Le 27 juin, trois jours après le cessez-le-feu, la photographe écrit : « Ces jours-ci, deux sentiments contradictoires nous déchirent : d’une part, la volonté de revenir à une vie normale et, d’autre part, l’angoisse de l’avenir. La seule chose que l’on puisse affirmer avec certitude est que rien ne sera plus jamais comme avant. »
Il vous reste 2.89% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
