L’idée d’une « année blanche », qui consiste à geler, en 2026, les dépenses publiques à leur niveau de 2025, pour réduire le déficit budgétaire, revient avec force à l’approche des grands arbitrages financiers, prévus mi-juillet. Mais ce projet poussé par divers soutiens du gouvernement est loin de faire consensus. « Je pense que c’est une très mauvaise solution », a déclaré le président de la commission des finances, Eric Coquerel (La France insoumise), dimanche 6 juillet, sur LCI.
Citant une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), M. Coquerel a souligné qu’une telle mesure rapporterait « un peu moins de 6 milliards », avec des « effets récessifs (…) surtout pour les plus défavorisés », estimant que ce serait « très mauvais » pour la consommation.
Le gouvernement veut faire un effort total de 40 milliards d’euros pour le budget 2026, réparti entre l’Etat, la Sécurité sociale et les collectivités locales, afin de respecter l’objectif de diminution du déficit public. Une « année blanche », qui consisterait à geler les retraites, les prestations sociales et le barème de l’impôt sur le revenu, engendrerait un gain budgétaire de 5,7 milliards d’euros, a estimé fin juin l’IPP à propos de cette piste d’économies.
« Une logique de coups de rabot »
Le député de Seine-Saint-Denis prône, lui, un « gros nettoyage » dans les niches fiscales et d’augmenter les impôts des plus riches et des grandes entreprises (« taxe Zucman » sur le patrimoine et sur les multinationales, impôt sur la fortune climatique…).
Invité d’Europe 1, le vice-président délégué des Républicains, François-Xavier Bellamy, a, lui aussi, estimé dimanche qu’une « année blanche » serait « l’inverse de la bonne stratégie », invitant à « s’attaquer de très près à la dépense sociale dans notre pays, qui est devenu (…) un problème majeur », citant le revenu de solidarité active et les allocations de chômage.
Même son de cloche du côté du vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, qui a fustigé dans Le Journal du dimanche « une logique de coups de rabot, d’ajustements à la marge », qui n’est, selon lui, « rien d’autre qu’un impôt déguisé », quand il faudrait « changer de logique » et « ouvrir enfin les vrais dossiers : agences d’Etat, immigration, contribution à l’Union européenne ».
La veille, le président du Medef, Patrick Martin, s’était aussi positionné contre cette solution, estimant que ce serait « un pis-aller, parce qu’on ne pourra pas le reproduire éternellement », dans une interview diffusée sur Boursorama. Et « ça ne doit pas être l’écran de fumée [cachant] une non-décision sur les dépenses structurelles de l’Etat, des collectivités locales et des régimes sociaux », avait-il insisté.