Méthodiquement, systématiquement, Bruno Retailleau plante des banderilles dans le dos d’Emmanuel Macron. Après avoir contesté la politique algérienne de la France jugée trop mollassonne, avoir tenté d’infléchir l’esprit de la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République en relançant la croisade contre l’« islamisme radical », son obsession, le ministre de l’intérieur a ouvert un nouveau front.
Il a attaqué la politique énergétique du président de la République. La tribune qu’il a cosignée dans Le Figaro, jeudi 3 juillet, appelant à cesser les subventions publiques à l’énergie solaire et aux éoliennes est une remise en cause du mix énergétique (renouvelables-nucléaire) qui doit permettre à la France de sortir progressivement de sa dépendance au pétrole et au gaz.
Depuis qu’il s’est fait élire, face à Laurent Wauquiez, à la tête du parti Les Républicains (LR), le 18 mai, avec 74,3 % des suffrages des adhérents, Bruno Retailleau veut être celui qui incarne le retour de la droite au pouvoir. Il se comporte à l’égard d’Emmanuel Macron comme Nicolas Sarkozy l’avait fait avec Jacques Chirac, à partir de 2004, alors que ce dernier abordait la seconde partie d’un mandat crépusculaire. Il entretient à l’intérieur du gouvernement une fronde qui lui vaut le même type de remontrance présidentielle que le fameux « je décide, il exécute » lancé par Jacques Chirac, le 14 juillet 2004, mais dont il espère sortir gagnant, comme Nicolas Sarkozy, en poussant chaque jour le bouchon un peu plus loin.
Ce faisant, il réactive auprès de son électorat le souvenir de 2007, le dernier bon souvenir auquel celui-ci peut se raccrocher, celui d’une droite à la fois décomplexée et victorieuse, avant la longue descente aux enfers entamée après la défaite à la présidentielle de 2012. La comparaison s’arrête cependant là, car le jeu auquel se prête Bruno Retailleau se déroule dans une conjoncture particulière, à la fois plus complexe et infiniment plus dangereuse.
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