Après que le nouveau chancelier, Friedrich Merz, a gelé un programme d’accueil de ces réfugiés dans un contexte de durcissement de la politique migratoire, le tribunal administratif de Berlin a ordonné au gouvernement, mardi 8 juillet, de délivrer les visas promis à une famille afghane menacée dans son pays. L’Allemagne « doit délivrer les visas aux requérants » après s’être « juridiquement engagée » envers eux, a décidé le tribunal.
Le tribunal berlinois a donné raison à une ressortissante afghane et à sa famille, qui avaient obtenu un engagement d’admission en Allemagne en octobre 2023 et attendaient depuis la délivrance des visas. Cet engagement « volontaire et toujours en vigueur ne peut pas être annulé », a expliqué le tribunal dans un communiqué de presse. Ces Afghans « ont démontré de manière crédible qu’ils risquent une expulsion du Pakistan vers l’Afghanistan, où leur vie et leur intégrité physique seraient menacées », a-t-il aussi souligné.
Environ 2 500 Afghans qui se trouvent actuellement au Pakistan figurent encore sur les listes de ces programmes d’accueil, destinés aux anciens collaborateurs afghans de l’armée et d’autres institutions allemandes, mais aussi à des militants des droits humains ou à des journalistes. Mais l’accord de coalition entre les conservateurs de Friedrich Merz et les sociaux-démocrates prévoit de mettre fin « dans la mesure du possible » à ces programmes, sur fond de restrictions croissantes à l’accueil de réfugiés en Allemagne.
Durcissement de la politique migratoire
Le durcissement de la politique migratoire est une promesse majeure du gouvernement de Friedrich Merz, sur fond de progression de l’extrême droite, désormais en tête dans certains sondages. Au cours des derniers mois, une série d’attaques mortelles, imputées notamment à des ressortissants syriens et afghans, ont électrisé le débat en Allemagne.
Juste avant l’entrée en fonction de M. Merz, au début de mai, le gouvernement de son prédécesseur Olaf Scholz avait annoncé ne pas prévoir d’organiser de nouveaux vols de rapatriement de ces Afghans. Les entrées sont « suspendues » le temps d’un « examen » du projet de la coalition, avait ensuite fait savoir le ministère de l’Intérieur, à la fin de juin.
Vendredi, l’ONU a critiqué le projet évoqué par Berlin de négocier directement avec les autorités talibanes au pouvoir en Afghanistan pour faciliter l’expulsion de délinquants afghans.
Selon les derniers communiqués, datant d’avril 2024, plus de 33 000 Afghans menacés et leurs familles ont été accueillis en Allemagne dans le cadre de ce programme, lancé à la fin de 2022.