Deux mois après avoir vertement critiqué le simulacre d’accord commercial passé par le Royaume-Uni avec les Etats-Unis, les Européens seraient prêts à en signer un de la même eau, voire pire. Ce n’est qu’une rumeur à ce stade, mais elle est dérangeante.
On comprend les craintes européennes. Si la stratégie commerciale de Donald Trump paraît incohérente pour son pays, elle n’en représente pas moins aussi une grave menace pour l’Union européenne (UE). En dépit de son statut d’alliée majeure, l’UE risque de voir se dégrader considérablement son accès au marché américain, qui absorbe plus d’un cinquième de ses exportations. Pour une industrie européenne frappée de plein fouet à la fois par les répercussions de l’invasion de l’Ukraine sur son approvisionnement énergétique et un mercantilisme chinois toujours plus agressif, le danger ne saurait être sous-estimé.
La position de l’UE est d’autant plus inconfortable qu’elle dépend des Etats-Unis pour sa sécurité, et, accessoirement, pour ses infrastructures financières et numériques. En outre, comme souvent, elle est aggravée par la menace de divisions. Celles-ci peuvent être économiques : l’Allemagne s’inquiète pour ses constructeurs automobiles, l’Irlande pour sa production pharmaceutique (dont le développement s’explique pour une large part par l’attrait fiscal qu’offre le pays aux multinationales américaines). Mais aussi idéologiques : les pays de l’Union doivent compter avec la Hongrie de Viktor Orban et l’Italie de Giorgia Meloni, qui ne cachent pas leurs affinités avec Donald Trump.
Lourdes conséquences
Dans ces conditions, la tentation est grande de considérer qu’il faut céder aux menaces américaines. Le précédent britannique donne un exemple de ce que cela pourrait signifier : accepter des taxes douanières supplémentaires, prendre des engagements d’achats de produits américains, ouvrir des accès privilégiés à son marché, voire aller jusqu’à s’aligner partiellement sur leur politique de sécurité économique vis-à-vis de la Chine.
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