Il y a trente ans, en juillet 1995, le pire crime sur le sol européen depuis la seconde guerre mondiale était commis dans l’enclave bosniaque de Srebrenica, au cœur de l’Europe. Ce fut le point culminant d’une guerre qui durait depuis près de trois ans. La rhétorique nationaliste dégénéra en affrontements violents, culminant avec la chute de la zone de sécurité de l’ONU. Déplacements massifs, pillages, tortures et nettoyage ethnique causèrent la mort de plus de 8 000 garçons et hommes, et d’innombrables filles et femmes furent violées. Ces jours restent gravés dans la mémoire de l’Europe.
Nous adressons nos condoléances aux victimes, à leurs familles et aux survivants. Nous pleurons avec eux – aujourd’hui, chaque 11 juillet, et tous les autres jours, ils vivent avec la douleur.
Cet anniversaire appelle au souvenir, mais il nous rappelle aussi une vigilance constante. Car Srebrenica illustre aussi l’incapacité de la communauté internationale à agir pour briser la spirale de l’escalade. La commémoration nous met au défi d’assumer activement la responsabilité qui incombe à l’Europe après les événements de cette époque. Et elle nous oblige également à continuer de le faire à l’avenir.
Srebrenica était un génocide. Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie l’a déclaré sans équivoque. Fort de ce constat, l’Assemblée générale des Nations unies à une large majorité a déclaré, en mai, le 11 juillet Journée internationale de commémoration du génocide de Srebrenica. Un signal fort – contre l’oubli, contre le déni de la vérité historique et juridique, pour nous rappeler de toujours rester vigilants et d’observer activement.
Cette résolution trace la voie pour l’avenir, car il ne s’agit pas de se perdre dans des accusations. Il ne s’agit pas non plus d’une accusation envers certains. C’est un appel à tirer sans relâche les leçons du passé et à façonner les politiques d’avenir. C’est un appel à trouver un langage commun face à la souffrance. Sans vérité, pas de réconciliation ; sans réconciliation, pas de paix durable.
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