- Poursuivi en justice pour « infraction terroriste » en Angleterre, le trio Kneecap doit se produire à Rock en Seine le 24 août prochain.
- La ville de Saint-Cloud a décidé de retirer sa subvention de 40.000 euros à la manifestation.
- Outre-Manche, ces jeunes musiciens nord-irlandais multiplient les déclarations chocs en soutien à la Palestine.
Dans l’œil du cyclone Outre-Manche, le jeune groupe nord-irlandais Kneecap fait également des vagues en France. La ville de Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine, annonce ce mercredi qu’elle retire sa subvention de 40.000 euros — sur un budget de 17 millions d’euros — au festival Rock en Seine qui a programmé le trio le 24 août prochain, alors que l’un de ses membres est poursuivi en justice pour « infraction terroriste »
.
Mo Chara, le nom de scène de Liam O’Hanna, a comparé en juin devant un tribunal de Londres, accusé de s’être couvert d’un drapeau du mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah, classé terroriste au Royaume-Uni, pendant un concert à Londres le 21 novembre 2024. Il lui est par ailleurs reproché d’avoir crié « Allez le Hamas ! Allez le Hezbollah ! »
ce soir-là. Une prochaine audience est prévue le 20 août prochain.
Un groupe au succès fulgurant
Kneecap a connu une ascension éclair en 2024 avec son album Fine Art
et un docu-fiction survolté, « Kneecap », primé notamment à Sundance et sorti en salles en France le 16 juin dernier. Fondé en 2017, il défend la réunification de l’Irlande et défend sa langue comme étant un cri « anticolonialiste » face à la puissance britannique. Le nom du groupe vient de la pratique des groupes paramilitaires qui tiraient sur leurs victimes au niveau des genoux pendant le conflit nord-irlandais.
En avril dernier, Kneecap a également suscité de vives réactions en projetant des messages accusant Israël de commettre « un génocide contre le peuple palestinien »
dans la bande de Gaza, sur la scène du festival californien Coachella. Le trio a par ailleurs dû récemment présenter ses excuses après la diffusion d’une vidéo datant de 2023 semblant montrer l’un de ses membres appeler à la mort de députés conservateurs britanniques.
La ville de Saint-Cloud « ne finance pas d’action, ni de revendications politiques et encore moins des incitations à la violence, comme peuvent l’être des appels à tuer des parlementaires, quelle que soit leur nationalité »
, détaille la municipalité dans un communiqué. Elle précise toutefois qu’elle n’a « pas souhaité engager une quelconque négociation »
avec la direction de Rock en Seine car elle « respecte la liberté de programmation du Festival ».
Après leur prestation au célèbre festival Glastonbury fin juin, la police britannique a ouvert une enquête sur des propos de Kneecap sur scène, les musiciens ayant accusé Israël d’être un État « criminel de guerre »
. Le groupe a depuis reçu le soutien de grands noms de la musique comme Massive Attack, Pulp et Fontaines D.C, qui ont dénoncé une « répression politique »
et une « tentative claire et concertée de censure et de déprogrammation »
.
Malgré les polémiques, Kneecap s’est déjà produit en France puisque le trio était à l’affiche des Eurockéennes de Belfort, le 6 juillet dernier, un concert qui s’est déroulé sans incident. Rien ne semble indiquer que le groupe sera déprogrammé de Rock en Seine, même si plusieurs élus locaux l’ont réclamé ces derniers jours, à commencer par la présidente LR de la Région Ile-de-France Valérie Pécresse.