Lundi 23 juin, Mehrangiz Imenpour, âgée de 62 ans, mère de famille, enseignante retraitée et peintre, a été tuée alors qu’elle passait non loin de la célèbre prison d’Evin, située dans le nord de Téhéran. Survenue la veille de la suspension des hostilités entre Israël et l’Iran, après douze jours de bombardements de part et d’autre, l’attaque israélienne contre Evin est aujourd’hui encore présentée par le ministre de la défense israélien, Israel Katz, comme une opération visant l’un des « organes de répression gouvernementaux », et menée, selon le porte-parole de l’armée, de « manière chirurgicale, pour éviter de nuire aux personnes non impliquées ».
Les frappes ont pourtant tué 79 personnes, dont des civils, des soldats conscrits, des proches de prisonniers venus leur rendre visite, des détenus, mais aussi des voisins et des passants. Parmi les 1 190 Iraniens victimes de cette guerre recensés par Human Rights Activists, une organisation établie aux Etats-Unis et dotée d’un vaste réseau en Iran, 436 civils et 435 membres des forces de sécurité ont péri, et 319 personnes n’ont toujours pas été identifiées.
Ce jour d’été, Mehrangiz Imenpour allait verser le salaire de sa femme de ménage à la banque. « Mehrangiz était très active, se levait à l’aube, adorait marcher, faire la cuisine et recevoir sa famille », avance Soheil, l’un de ses proches qui préfère garder l’anonymat. Depuis le mouvement Femme, vie, liberté, né après la mort en garde à vue de la jeune Mahsa (Jina) Amini arrêtée pour une apparence jugée « contraire aux lois islamiques », en septembre 2022, Mehrangiz Imenpour, comme beaucoup d’Iraniennes, refusait de porter le foulard en signe de ralliement à la contestation.
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