- La plateforme américaine, propriété d’Elon Musk, est visée par une enquête diligentée par la procureure de Paris.
- Elle faisait suite à deux signalements l’accusant d’ingérence étrangère.
- Dénonçant un « agenda politique », la société refuse de donner aux enquêteurs l’accès à son algorithme.
Est-ce le débat d’un bras-de-fer (virtuel) entre X et la justice française ? Visée par une enquête pénale, la plateforme américaine, suspectée d’avoir biaisé son algorithme après des accusations d’ingérence étrangère, dénonce ce lundi 21 juillet un « agenda politique »
, et dit avoir refusé d’accéder aux demandes du parquet de Paris qui requérait l’accès à son algorithme.
« Sur la base de ce que nous savons jusqu’à présent, X estime que cette enquête déforme le droit français afin de servir un agenda politique et, en fin de compte, de restreindre la liberté d’expression »
, écrit dans un post sur X le département des affaires publiques du réseau social, propriété d’Elon Musk. « Pour ces raisons, X n’a pas accédé aux demandes des autorités françaises, comme nous avons le droit légal de le faire »
, précise-t-il.
Le 11 juillet dernier, la procureure de Paris Laure Beccuau avait annoncé l’ouverture quelques jours plus tôt d’une enquête concernant la plateforme X en tant que personne morale et contre les « personnes physiques »
qui le dirigent, sans citer le nom de son propriétaire multimilliardaire, également patron de Tesla et de SpaceX.
Des changements depuis son rachat par Elon Musk ?
L’ouverture de cette enquête faisait suite à deux signalements, reçus le 12 janvier, qui « faisaient état de l’utilisation supposée de l’algorithme de X (ex-Twitter) à des fins d’ingérence étrangère »
, avait détaillé le ministère public. Le premier provenait du député macroniste des Côtes-d’Armor Eric Bothorel, qui alertait le parquet sur « les récents changements d’algorithme de X, ainsi que les ingérences apparentes dans sa gestion depuis son acquisition par Elon Musk »
en 2022.
L’élu dénonçait une « réduction de la diversité des voix et des options »
, une plateforme qui s’éloigne d’un objectif de « garantir un environnement sûr et respectueux à tous »
, un « manque de clarté quant aux critères qui ont conduit aux changements d’algorithmes et aux décisions de modération »
, ainsi que des « interventions personnelles d’Elon Musk »
.
Selon les informations du Canard enchaîné
en février, le second signalement provenait d’un directeur de cybersécurité dans la fonction publique, qui s’inquiétait d’« une modification majeure dans l’algorithme utilisé par la plateforme X qui propose aujourd’hui énormément de contenus politiques haineux, racistes, anti-LGBT+, homophobes et qui visent donc à biaiser le débat démocratique en France »
.
L’enquête a été confiée à la Direction générale de la gendarmerie nationale et porte notamment sur les infractions suivantes : altération du fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée, ainsi qu’extraction frauduleuse de données d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée.