La Commission nationale d’enquête sur les massacres perpétrés en mars en Syrie a rapporté, mardi 22 juillet, avoir identifié 298 suspects impliqués dans les exactions contre les alaouites, confirmant la mort de 1 426 membres de cette minorité.
« La commission a identifié 298 personnes nommément impliquées dans les violences », a déclaré son porte-parole, Yasser Al-Farhan, lors d’une conférence de presse à Damas. La commission a également constaté « de graves violations contre les civils les 7, 8 et 9 mars, notamment des meurtres, des meurtres prémédités, des pillages, des destructions et des incendies de maisons, des tortures et des insultes à caractère confessionnel ».
La commission a confirmé les noms de 1 426 personnes tuées, parmi lesquelles 90 femmes, la plupart étant des civils issus de la communauté alaouite dans la région côtière. Damas a accusé les partisans armés de l’ex-président Bachar Al-Assad d’avoir déclenché les violences en attaquant les nouvelles forces de sécurité, qui ont lancé une contre-offensive.
Selon la commission, 238 membres des forces de sécurité et de l’armée ont été tués lors de ces violences. Les autorités ont ensuite envoyé des renforts dans la région. La commission explique avoir fondé son rapport sur plus de 30 visites de terrain, des rencontres avec des dizaines de personnes dans les villes et villages où les exactions ont eu lieu, ainsi que sur les témoignages de centaines de victimes et de témoins et des responsables gouvernementaux.
« Exécutions sommaires »
D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ces forces, appuyées par des groupes paramilitaires, ont commis des massacres et des « exécutions sommaires », faisant près de 1 700 morts parmi les civils, majoritairement issus de la minorité alaouite à laquelle appartient la famille du dictateur syrien, renversé le 8 décembre 2024.
Des ONG font état de massacres à caractère confessionnel, dans lesquels des familles entières ont péri, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées. Certains combattants se sont filmés en train d’exécuter des civils à bout portant, après les avoir insultés et battus.
La commission d’enquête, créée le 9 mars par le président intérimaire syrien, Ahmed Al-Charaa, devait initialement remettre ses conclusions en avril, mais son mandat a été prorogé de trois mois le 10 avril. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont récemment exhorté les autorités syriennes à publier l’intégralité des conclusions de l’enquête et à garantir que les responsables soient traduits en justice.
La publication du rapport de cette commission, remis à M. Al-Charaa le 13 juillet, survient quelques jours après de nouvelles violences dans la province de Souweïda (Sud), à majorité druze, qui ont fait plus de 1 200 morts, selon l’OSDH, en grande majorité des Druzes. Elles ont suscité des doutes sur la capacité des autorités syriennes à contenir les tensions confessionnelles et à rétablir la sécurité, plus de sept mois après la chute de l’ancien pouvoir, qui se posait en protecteur des minorités.