L’un a grandi dans la rue. L’autre écoutait de la K-pop en secret. Lorsqu’ils ont fui la Corée du Nord, Yu Hyuk à 13 ans et Kim Seok à 19 ans, auraient-ils pu imaginer qu’ils compteraient parmi les premiers transfuges à pénétrer l’industrie ultra-normée de la K-pop ? Pourtant, à 25 ans, tous deux ont débuté au sein du boys band 1Verse (prononcé « universe ») qui a donné son premier showcase à Séoul le 18 juillet.
Le groupe, où ne figure aucun Sud-Coréen, se veut délibérément multiculturel et international. Il comprend aussi Kenny, un Américain d’origine chinoise de 22 ans familier du R’n’B ; Aito, un danseur japonais de 20 ans aux multiples récompenses ; et Nathan, un Américain de 24 ans d’origine laotienne et thaïlandaise déjà connu des réseaux sociaux. Fondée en 2019, par Michelle Cho, une ancienne de SM Entertainment (l’une des plus grandes firmes de K-pop du pays), leur label, Singing Beetle, prône par son slogan une « K-pop plus saine » – pour marquer sa différence dans une industrie qui a parfois maltraité ses artistes – « et inclusive », d’où la présence des deux Nord-Coréens.
Hyuk et Seok ont connu des enfances diamétralement opposées. Elevé par son père et sa grand-mère paternelle, le premier évoque sans détour la grande pauvreté de sa province natale, le Hamgyŏng du Nord : « Je passais le plus clair de mon temps dans la rue. A 9 ans, j’ai arrêté l’école : je devais travailler pour aider ma famille. Je vivais au jour le jour. C’était de la survie. » Jusqu’à sa fuite, en janvier 2013, il ignorait tout de la K-pop. Et même de la Corée du Sud. « Je ne savais même pas que d’autres pays existaient », confie-t-il.
« Mon père m’a convaincu de fuir »
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