Après son renvoi devant le tribunal correctionnel pour « corruption » et « trafic d’influence », mardi 22 juillet, la ministre de la culture, Rachida Dati, s’est livrée à de violentes attaques contre les magistrats, les accusant de « marcher » sur les droits de la défense.
Ancienne juge d’instruction au pôle financier du Palais de justice de Paris, et ancienne députée européenne écologiste (2009-2019) et candidate à la présidence de la République en 2012, Eva Joly estime, dans un entretien au Monde, que le président de la République, en s’abstenant de réagir, a manqué à son devoir de garant des institutions.
Comment avez-vous réagi aux propos de Rachida Dati sur les juges ?
Ils relèvent d’une faillite morale. Mais ce qui est tout aussi choquant, c’est le silence du président de la République. Selon l’article 64 de la Constitution, il est le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Il aurait dû intervenir énergiquement pour recadrer la ministre de la culture, et même l’évincer du gouvernement.
Le fait qu’une ministre en exercice s’en prenne au travail des magistrats marque-t-il une étape dans la dégradation des relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire ?
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