- De nombreuses communes prennent des mesures pour éviter les dérives des locations touristiques pendant les vacances d’été.
- Pourtant, des propriétaires poursuivent leur business en contournant les règles.
- Ce qui pousse les municipalités à s’adapter pour lutter contre les fraudes.
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Le 20H
Ruser, quitte à contourner les interdictions de manière assez ostentatoire. Alors que les boîtes à clés sont interdites dans l’espace public à La Rochelle depuis décembre dernier, les propriétaires s’adaptent pour continuer à louer leur logement pendant les vacances. Ils sont par exemple plus d’un, comme Jean-Antoine Montcho, qui dirige un service de conciergerie, à accrocher leur boîte à clés à un vélo d’enfant, lui-même attaché dans la rue, pour contourner la règle – un stratagème que l’on découvre dans le reportage du 20H ci-dessus. La boîte à clés n’étant pas directement fixée au mobilier urbain, les agents de la municipalité ne peuvent pas intervenir.
Des vélos d’enfants pour les boîtes à clés
« Il est à la bonne taille »
, « parfait pour moi… et pour mes touristes »
répond-il quand on lui demande si son vélo bleu n’est pas trop petit pour lui. Le professionnel assume sans vergogne sa démarche devant la caméra de TF1 : « On doit trouver des astuces pour la simple et bonne raison qu’aujourd’hui, on est mal vu. Quand vous avez une société, que vous avez un business-model, tout ce qui peut empêcher effectivement que vous puissiez travailler, vous êtes humain, vous vous adaptez. »
La chasse aux boîtes à clés dans l’espace public
Face à des propriétaires qui innovent pour maintenir leur location saisonnière via des plateformes comme Airbnb ou Abritel, les municipalités s’emploient pour faire respecter la règlementation en vigueur. Une brigade de la mairie de La Rochelle veille ainsi au respect de l’interdiction des fameux boitiers attachés au mobilier urbain, afin de lutter contre la prolifération des meublés de tourisme. Tout en constatant que les propriétaires ont rapidement modifié leurs habitudes.
« Là, ils ne sont pas tout à fait sur le domaine public puisque vous voyez qu’il y a un léger petit rebord et des escaliers »
, montre Marie Nédellec, adjointe au maire (PS), chargée de la régulation des meublés de tourisme, dans le reportage en tête de cet article. « C’est sans fin, oui c’est épuisant »
, souffle-t-elle.
Comme dans la préfecture de la Charente-Maritime, une dizaine de grandes villes ont pris la décision d’interdire ces boîtiers fermés et munis d’un code qui pullulent et dénaturent l’espace public. C’est déjà le cas à Paris, Marseille, Lille, Nice, Annecy, Biarritz ou Besançon. Des agents municipaux patrouillent dans les quartiers les plus touristiques pour repérer les boîtes installées illicitement. Ils apposent alors un autocollant pour prévenir le propriétaire que la boîte sera enlevée si elle n’est pas retirée dans un délai de quinze jours.
Un logiciel anti-fraude à Marseille
À Marseille, où 15.000 maisons et appartements figurent sur les plateformes de location à destination de touristes, la mairie va encore plus loin pour repérer les fraudes. Un logiciel compare les données de la ville à celles des plateformes, pour détecter les anomalies, qui peuvent être de multiples. « Soit ils ont triché sur le nom, soit ils ont triché sur l’adresse, et/ou ils n’ont pas d’autorisation. Et s’ils font les trois, là c’est bingo »
, réagit Nicolas Moysan, responsable de la division autorisations de changement d’usage à la mairie de Marseille, quand un voyant rouge s’allume sur son écran.
Si des tromperies sont identifiées, les services municipaux peuvent procéder à une mise en demeure. Et s’ils ne déclarent pas ou qu’ils dépassent le nombre de nuitées autorisées, les fraudeurs peuvent encourir jusqu’à 100 000 euros d’amende par logement.