Etrenné en juin lors du Festival de Pentecôte, que dirige depuis 2012 la mezzo-soprano italienne Cecilia Bartoli, Hotel Metamorphosis rejoint les populaires pastiches d’opéra du XVIIIe siècle, qui recyclaient en quelque sorte, par une nouvelle histoire (souvent fantaisiste, voire parodique), une sorte de playlist tirée de diverses œuvres appartenant à divers compositeurs. La seule plume de Vivaldi, dont 2025 célèbre les trois cents ans de la publication des Quatre Saisons, fournit cependant l’immense majorité des 45 morceaux qui jalonnent un synopsis élaboré autour de cinq mythes tirés des Métamorphoses, d’Ovide. A la manœuvre conceptuelle, le talentueux metteur en scène Barrie Kosky, le dramaturge Olaf A. Schmitt et le chef d’orchestre Gianluca Capuano – sans oublier, bien qu’elle ne soit pas mentionnée, la passionaria Cecilia Bartoli, qui remit les airs d’opéra du « Prêtre roux » au centre du jeu discographique en 1999 avec un précurseur et magnifique Vivaldi Album chez Decca.
C’est dans une chambre d’hôtel cossue, au centre de laquelle trône un vaste « king size » (qui servira également de lit escamotable et de tombeau), que Barrie Kosky a installé un judicieux dispositif visuel, l’unité de lieu soulignant en quelque sorte la frénésie transformiste ovidienne. Au cœur du récit, la voix claire, presque enfantine, de l’actrice allemande Angela Winkler, dont la silhouette juvénile, à 81 ans passés, confère une sorte d’intemporalité au récit d’Orphée, qu’émaillent quatre poèmes de Rainer Maria Rilke (1875-1926) inspirés par ces figures de la mythologie antique.
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