- Des passionnés de météo vont jusqu’à installer leurs propres capteurs pour réaliser des relevés.
- À Laqueuille (Puy-de-Dôme), Alexandre Letort fait des prévisions tout autour de Clermont-Ferrand, grâce à une dizaine de ses propres stations météo installées dans le massif de Sancy.
- Il est devenu aujourd’hui une référence pour de nombreux habitués des lieux, mais aussi pour certaines entreprises.
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Le 13H
Si la météo est souvent un sujet imbattable pour relancer une conversation, pour certains elle représente bien plus que cela : elle est devenue une véritable passion, qui les pousse parfois même à apprendre le métier de prévisionniste. Dans le Puy-de-Dôme, Alexandre Letort est ainsi un Monsieur Météo régional. Sans travailler pour Météo-France, il réalise ses propres prévisions, ayant installé une dizaine de stations météo dans le massif du Sancy, de hautes antennes dotées de capteurs de pluie, de vent et de température.
« Si j’ai une grosse remontée d’une masse d’air chaud qui arrive en pleine nuit, on va le capter tout de suite. Alors qu’on ne le verra pas forcément plus bas, à cause de ce qu’on appelle les inversions de température »
, développe le passionné, au pied d’une de ces antennes, dans le reportage du 13H de TF1 en tête d’article.
Des modèles de prévision complexes, découverts en autodidacte
Installées avec autorisation, ces stations d’une valeur de 2.000 euros chacune lui permettent de récupérer des données (nouvelle fenêtre), qu’il couple ensuite avec des dizaines de courbes, des relevés et des données satellites, depuis son bureau sur la commune de Laqueuille. « Ici, on a par exemple ce qu’on appelle un émagramme, qui va nous permettre de prévoir l’atmosphère à la verticale d’un lieu,
décrit-il, en détaillant un graphique affiché sur son écran d’ordinateur. Pour cet après-midi, je vois très bien que j’ai un air très sec, et éventuellement quelques nuages élevés. »
Alexandre Letort s’est formé tout seul à ces modèles complexes, qui l’ont fasciné dès son adolescence. À l’époque, il commençait déjà à écumer les données et prévisions accessibles grâce au développement d’Internet, explique-t-il sur le site de la cellule de prévisions (nouvelle fenêtre) qu’il a montée, « Météovergne ». Jusqu’à acquérir sa propre station météo professionnelle, commencer ses analyses en amateur et lancer son propre site Internet dédié, à 14 ans seulement.
Puis après le Bac, s’il ne parvient pas à intégrer Météo-France (nouvelle fenêtre), il fait malgré tout des études de géographie physique. Il occupe ensuite différents métiers, de chargé de mission dans un bureau d’études en environnement à banquier, en passant par enseignant en histoire-géographie, avant de quitter un CDI pour se lancer dans la prévision, activité qu’il occupe désormais à plein temps.
« On a besoin de savoir ce qui va se passer » : les entreprises aussi conquises
Aujourd’hui, ce météorologue autodidacte sait traduire toutes les données météorologiques complexes pour le grand public, via une application ou les réseaux sociaux de « Météovergne », suivi par quelque 39.000 personnes sur Facebook. Cette casquette de référent local ne passe pas inaperçue, surtout auprès des randonneurs : « Moi, c’est d’abord la météo d’Alexandre (que je consulte) »
, lâche l’un d’eux, rencontré lors d’une sortie en altitude, dans le reportage.
Mais le prévisionniste autodidacte a aussi une autre casquette, celle de businessman. Parmi ses clients figure par exemple un train touristique, le Panoramique des Dômes, qui amène les visiteurs au sommet du Puy de Dôme. Alexandre lui fournit un bulletin quotidien, pour 3.000 euros à l’année.
Un coût que l’entreprise est prête à assumer, estimant qu’il est essentiel de faire appel à un prévisionniste local. « Ce qui est important pour nous, c’est d’avoir des
points météo extrêmement précis
(nouvelle fenêtre). Que l’on sache jour par jour, voire parfois heure par heure, ce qui va se passer au sommet du Puy de Dôme,
souligne Nicolas Tournebize, directeur général de la société. La météo est complètement différente entre le pied du Puy de Dôme et le sommet, et donc on a besoin de savoir ce qui va se passer. »
Un travail humain toujours crucial ?
Ces météorologues de proximité pourraient-ils concurrencer les mastodontes du secteur, comme Météo France (nouvelle fenêtre) ? Pour le météorologue Guillaume Séchet, gérant du site de prévision nationale Météo Villes, ils représentent un atout précieux, grâce à leurs données, leurs photos et vidéos récoltées sur le terrain.
« La météo (proposée) sur Google, par exemple, c’est la météo qui vient directement de la chaîne météo américaine. Les prévisions automatiques, souvent, ne sont pas forcément proches de la réalité,
insiste le spécialiste. Elles ne vont pas voir une petite averse qui va passer sur la région, ni des nuages bas, très localisés. Tout ça, c’est un travail humain qui est encore nécessaire. »
Pour trouver une météo fiable, parmi les centaines de sites et d’applications, il faut donc consulter de préférence les prévisions appuyées sur le contrôle d’un humain, même si elles permettent rarement de prédire le temps dix jours plus tard.
