- La plateforme de réservation américaine doit faire face à une action en justice.
- Plus de 10.000 hôteliers européens intentent un recours collectif contre Booking.com pour pratiques tarifaires « abusives » pendant 20 ans.
Plus de 10.000 hôteliers européens intentent une action en justice contre Booking.com pour pratiques tarifaires « abusives »
, rapportait France Inter mercredi 6 août. C’est l’Association des hôtels, restaurants et cafés d’Europe (Hotrec), représentant le secteur au sein de l’UE, qui est à l’origine de cette offensive contre la plateforme de réservation américaine, accusée d’avoir faussé le marché à leur détriment pendant vingt ans. Le préjudice atteint plusieurs centaines de millions d’euros, selon la fédération européenne de l’hôtellerie.
Une demande d’indemnisation pour les dommages subis entre 2004 et 2024
Ce procès, qui devrait être l’un des plus importants jamais intentés dans le secteur hôtelier européen, sera traité par un tribunal néerlandais, Booking.com étant basée aux Pays-Bas. « Plus de 10 000 hôtels ont déjà rejoint l’initiative paneuropéenne visant à obtenir réparation pour les pertes financières causées par l’utilisation par Booking.com de clauses illégales de ‘meilleur prix' »
, a déclaré Hotrec dans un communiqué, prolongeant prolongé jusqu’au 29 août la date limite pour que les hôteliers puissent se joindre à la plainte en raison d’une forte demande.
En 2024, la Cour de justice de l’Union européenne a émis un arrêt qui stipule que la clause interdisant aux hôtels de proposer des logements à des tarifs inférieurs sur d’autres plateformes ou sur leur propre site internet, afin que les clients n’aillent pas réserver ailleurs après avoir trouvé leur référence sur Booking.com, était illégale. La plateforme a alors supprimé cette disposition, conformément à la loi européenne. Mais l’Hotrec, soutenue par plus de 30 association hôteliers nationales, veut obtenir une indemnisation pour les dommages subis entre 2004 et 2024. « Les hôteliers européens souffrent depuis longtemps de conditions injustes et de coûts excessifs. Il est temps de s’unir et d’exiger réparation »
, a déclaré le président de Hotrec, Alexandros Vassilikos.
De son côté, Booking.com a qualifié d’« inexactes et trompeuses »
les déclarations de Hotrec et d’autres associations hôtelières dans un communiqué, ajoutant n’avoir reçu aucune « notification formelle d’un recours collectif »
. « Les clauses de parité passées servaient à favoriser des prix compétitifs plutôt qu’à les restreindre »
, s’est défendue l’entreprise américaine.
Booking.com déjà épinglé par la Répression des fraudes
Booking.com détient aujourd’hui plus de 70% des réservations en ligne en Europe selon une étude de l’Hotrec. « Au fur et à mesure de leur mainmise sur le marché, Booking a eu la possibilité d’augmenter ses taux de commission, de peser beaucoup plus sur les marges de l’hôtelier »
, racontait Véronique Siegel, présidente de la branche hôtellerie à l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) au micro de France Inter. Avant de continuer : « Une chambre que le client va payer 100 euros, si on retire la commission Booking, l’hôtelier reçoit 75 euros dans le meilleur des cas, avec lesquels il doit payer ses salariés et investir »
, souffle Véronique Siegel.
Bien que Booking.com ait supprimé cette obligation en France en 2015, elle perdure chez nos voisins, faisant gonfler de 30% les commissions engrangées par la plateforme selon la fédération européenne de l’hôtellerie.
En juin, la Répression des fraudes avait déjà épinglé la plateforme de réservation pour « pratiques restrictives de concurrence »
envers des hôteliers français pour le même procédé des « meilleurs prix »
. Booking.com a jusqu’au 31 décembre au plus tard pour se mettre en conformité dans ce dossier.