- L’ONG Save Ukraine dénonce l’existence d’un « catalogue en ligne » russe dans lequel seraient proposés à l’adoption près de 300 enfants volés en Ukraine.
- Ce dernier aurait été créé par les autorités d’occupation russes installées dans la région ukrainienne de Louhansk.
- Selon l’association, les enfants répertoriés ont soit perdu leurs parents, soit été emmenés de force et « réenregistrés avec de nouveaux documents ».
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Ukraine : 4ᵉ année de guerre
« Un trafic d’enfants sponsorisé par l’État. »
C’est ce que dénonce l’ONG Save Ukraine qui a révélé, sur le réseau social X, l’existence d’un « catalogue en ligne » dans lequel seraient répertoriés 294 enfants entre 0 et 17 ans volés en Ukraine et offerts à l’adoption à des familles russes. Il aurait été créé par les autorités d’occupation russes de Louhansk, région ukrainienne occupée depuis 2014 et dont l’annexion a été proclamée par la Russie en septembre 2022.
Dans ce catalogue, explique le fondateur de l’ONG, se trouvent la photo de l’enfant, son âge, sa couleur d’yeux, de cheveux, et même ses principaux traits de caractère. « La Russie ne cherche même plus à s’en cacher, elle pratique ouvertement le trafic d’enfants ukrainiens. Ils sont filtrables, triables, sélectionnables »
, dénonce ainsi Mykola Kuleba, directeur général de l’organisation Save Ukraine. « Sur les plateformes officielles, les orphelins ukrainiens sont présentés comme des produits sur une place de marché en ligne »,
dénonce-t-il, insistant sur le fait que la plateforme expose les enfants notamment à l’exploitation sexuelle, à la traite des êtres humains, à l’adoption illégale et au trafic à des fins de prélèvement d’organes.
Ukrainian children are being displayed online like products. This must stop! The Russian occupation administration has launched a chilling online catalog of Ukrainian orphans, displayed openly on the web. These children are presented like products in an e-commerce store,… pic.twitter.com/JL0Ely44JR — Mykola Kuleba (@MykolaKuleba) August 7, 2025
Ce dernier accompagne sa publication sur X de captures d’écran mais TF1info
n’a pour sa part pas été en mesure de consulter ce site « catalogue ».
Nos confrères du Figaro
indiquent en revanche avoir eu accès à une boucle Telegram présentée comme étant celle du ministère de l’Éducation et des Sciences de la République populaire de Louhansk semblant confirmer l’accusation de Mykola Kuleba. « Le ministère de l’Éducation et des Sciences de la LPR (République populaire de Louhansk, ndlr) a créé une base de données régionale des enfants ayant besoin d’une famille »,
explique un message partagé dans cette boucle, revoyant vers le site en question, qui semble inaccessible en France. « Nous espérons que vous trouverez votre enfant ici et lui offrirez un avenir radieux ! »,
poursuit le message.
« Un crime de guerre »
Selon Save Ukraine, les enfants répertoriés auraient soit perdu leurs parents, soit été emmenés de force et « réenregistrés avec de nouveaux documents ». « Désormais, grâce à une loi qui a été mise à jour, la Russie peut modifier leurs noms de famille et leurs dates de naissance »,
explique Mykola Kuleba, soulignant que « ce n’est pas seulement illégal, c’est un crime de guerre. »
« Une des définitions du génocide, c’est le kidnapping et la déportation d’enfants. Sans qu’on les tue, non, mais les enlever d’un pays comme ça, de force, c’est un des points de la Convention internationale sur le génocide dont les États-Unis, et l’URSS repris par la Fédération de Russie, sont signataires »,
a détaillé dans la vidéo ci-dessus, Oleg Kobtzeff professeur de géopolitique à l’American University of Paris, invité sur LCI ce samedi.
Selon l’initiative « Bring kids back » (« ramenez les enfants », en français), lancée par l’Ukraine en 2023, et à laquelle adhèrent une quarantaine de pays soutiens de Kiev, plus de 19.500 enfants ont été « enlevés » par Moscou depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en février 2022. Seuls un peu plus de 1.200 ont été récupérés.
Les enfants séparés de leurs familles dans les territoires ukrainiens occupés sont transférés en Russie, placés en vue d’adoption dans des familles russes ou des établissements, et « endoctrinés »
par la propagande de Moscou, selon plusieurs ONG. « Cette campagne délibérée et systématique vise à détruire l’identité des enfants ukrainiens en les privant de leur langue, de leur culture et de tout lien avec leur patrie »,
dénonce « Bring kids back ».