Le candidat à la présidence de la Colombie et sénateur Miguel Uribe, blessé par balle à la tête lors d’une réunion publique en juin à Bogota, est mort après avoir passé deux mois en soins intensifs et subi plusieurs interventions chirurgicales, a annoncé son épouse, Claudia Tarazona, sur son compte Instagram, lundi 11 août. Le tireur, âgé de 14 ans, avait atteint le sénateur de trois balles, dont une à la tête. Il est placé en détention et, à ce stade, inculpé de tentative d’homicide et port illégal d’armes avec deux autres personnes suspectées de complicité.
Le président de gauche, Gustavo Petro, dont Miguel Uribe était un féroce critique, a écrit sur X que le rôle du gouvernement était de « répudier le crime (…) indépendamment de l’idéologie » et a assuré que la sécurité des Colombiens était sa principale priorité. Sa vice-présidente, Francia Marquez, a regretté un « un jour triste pour le pays », dans un message sur le même réseau social. « La violence ne peut continuer à marquer notre destin. La démocratie ne se construit pas avec des balles ni avec du sang, elle se construit avec respect, avec dialogue », a-t-elle ajouté.
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, s’est dit « profondément attristé » par la mort du candidat à la présidentielle colombienne. « Les Etats-Unis sont solidaires de sa famille, du peuple colombien, à la fois dans le deuil et pour demander que justice soit rendue pour les responsables » de sa mort, a écrit M. Rubio sur le réseau social X.
Après l’attaque, des centaines de manifestants portant chemises et drapeaux blancs avaient défilé un peu partout en Colombie, dimanche 8 juin, pour exprimer leur refus de la violence et leur solidarité avec le sénateur de droite et candidat possible à l’élection présidentielle de 2026.
M. Uribe était membre du parti Centre démocratique, la principale formation de la droite colombienne. Celle-ci est dirigée par l’influent Alvaro Uribe, chef de l’Etat entre 2002 et 2010. L’ex-président a évoqué une attaque contre « un espoir pour la patrie ». Les deux hommes n’avaient aucun lien de parenté.
La crainte d’un retour de la violence des années 1980 et 1990
En octobre 2024, le sénateur Uribe avait annoncé aspirer à être élu président en 2026 pour succéder à Gustavo Petro. Bien que la campagne officielle pour le scrutin de mai 2026 ne soit pas encore ouverte, plusieurs prétendants ont déjà commencé à défendre leurs candidatures déclarées.
Après l’attaque, le secrétaire d’Etat américain avait blâmé la gauche colombienne. « Il s’agit d’une menace directe pour la démocratie et du résultat de la violente rhétorique de gauche émanant des plus hauts niveaux du gouvernement colombien », avait estimé Marco Rubio dans un communiqué, appelant le président Petro à « modérer sa rhétorique incendiaire et protéger les représentants publics colombiens ».
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Miguel Uribe étaitle petit-fils de Julio Cesar Turbay, président entre 1978 et 1982, et le fils de Diana Turbay, journaliste reconnue. Cette dernière avait été enlevée par l’ex-baron de la drogue Pablo Escobar, avant d’être tuée lors d’une opération militaire de sauvetage en 1991. Miguel Uribe était sénateur depuis 2022. Auparavant, il fut secrétaire du gouvernement de Bogota et conseiller municipal. Il avait également tenté de conquérir la mairie en 2019, sans succès. L’attaque a ravivé les craintes d’un retour de la Colombie à la violence des années 1980 et 1990, lorsque meurtres politiques et attentats étaient monnaie courante.
La dépouille de Miguel Uribe doit être transférée dans l’après-midi au Parlement colombien pour un hommage jusqu’à mercredi.