- Le Machu Picchu, au cœur de la cordillère des Andes, est un bijou d’histoire classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
- Mais avec 5.600 visiteurs par jour en haute saison, la visite de cette cité mythique peut être un véritable parcours du combattant.
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Le 20H
Il fait (trop) le plein. Chaque année, plus d’un million et demi de touristes venus du monde entier visitent le Machu Picchu, au cœur de la cordillère des Andes. Cette cité inca, vieille de six siècles, est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Arrivé sur les lieux, la vue est à couper le souffle. Mais derrière le décor de carte postale, se cache une réalité beaucoup moins séduisante.
Les touristes sont trop nombreux et doivent faire la queue à chaque étape de leur visite. D’abord, pour obtenir un ticket. Depuis six ans, l’accès est limité à 4.500 visiteurs par jour, 5.600 en haute saison. La majorité des billets s’achètent sur internet, à condition de s’y prendre plusieurs mois à l’avance. Et une petite partie des entrées est mise en vente sur place. Mille billets sont disponibles chaque jour selon une règle simple : premier arrivé, premier servi. La file d’attente se forme donc très tôt le matin à Aguascalientes, une cité créée de toutes pièces pour les touristes.
Des embouteillages le long des sentiers
Il n’est que 5h30 lorsque l’équipe de TF1info rencontre un jeune français qui fait la queue pour obtenir un billet.
« On est plus d’une heure avant l’ouverture, donc on espère ne pas avoir un numéro trop élevé, histoire de pouvoir avoir notre créneau demain matin (…) Il y a un peu de stress quand même »,
reconnaît-il.
Il y a trois ans, des touristes avaient manifesté contre ce système. Nino Del Solar, directeur du site, assume : « Cette limitation nous permet aussi de savoir où on peut intervenir (…) On peut fermer certains secteurs qui nous semblent un peu plus abîmés que d’autres ».
Et pour cause, des années de tourisme sans limite ont endommagé la citadelle perchée à 2.400 mètres d’altitude.
Les embouteillages continuent le long des sentiers pour accéder au Machu Picchu. La randonnée dure quatre jours, alors les guides font tout pour éviter la foule. « Ils connaissent le circuit, ils savent où aller, ils savent où s’arrêter, quand des groupes arrivent »
, souligne Claire Marcos, la co-fondatrice de Trekkinca.
L’État péruvien gagne des millions d’euros chaque année grâce au site. Mais hors caméra, des agents nous confient que les investissements sont insuffisants. Pas assez de gardes, des salaires plus faibles qu’ailleurs, et une économie qui ne profiterait pas assez aux locaux, selon certains habitants.
À cela s’ajoute un autre débat houleux. À 60 km du site, un projet d’aéroport international est très contesté par ceux qui voient un paradoxe dans le fait de vouloir limiter le nombre de touristes au Machu Picchu, tout en facilitant l’arrivée de millions d’autres.
Mais Jorge Luis Moya Cohaguila, membre de la direction décentrée de la culture à Cuzco n’y voit pas de problème. « Cet aéroport proposera une nouvelle offre culturelle, pour attirer les visiteurs vers d’autres sites, comme le village de Chinchero »
, met-il en avant dans le reportage en tête de cet article.
Dans le même temps, les autorités nous glissent pourtant qu’elles envisagent d’augmenter le nombre limite d’entrées au Machu Picchu. Trouver le bon équilibre entre dynamisme économique et défense du patrimoine semble décidément être un dilemme quotidien.