- La routine permet d’accomplir nos tâches quotidiennes sans trop réfléchir et nous libère le cerveau.
- Cette liberté est toutefois entravée par de nombreux automatismes dont nous nous sommes rendus esclaves.
- Des chercheurs ont fait le lien entre ces mauvaises petites habitudes automatiques et l’altération de la santé mentale.
Le geste est tellement machinal qu’on le fait chaque jour sans même réfléchir à son incidence. À peine nos yeux ouverts, nous nous emparons de notre smartphone. Nous scrollons sur les réseaux sociaux et les applications d’actualités, consultons nos mails, nos messages, la météo… Même si vous n’êtes pas « digital-addict » et ne vous reconnaissez pas dans cet exemple, cet automatisme est peut-être présent dans d’autres aspects de votre vie et peut tout autant nuire à votre santé mentale. Des chercheurs ont étudié la question et établi des liens de cause à effet.
Pourquoi faut-il se méfier de nos petites habitudes ?
Par l’apprentissage et à force de répétitions, nous créons des habitudes indispensables à notre vie quotidienne. Elles suivent un schéma bien établi nous permettant de réaliser des tâches sans avoir à réfléchir à chaque étape. C’est ainsi que sans vraiment réfléchir, nous nous préparons le matin, organisons notre poste de travail, effectuons nos trajets, mangeons notre repas dans l’ordre traditionnel, faisons notre toilette, etc. Ces habitudes deviennent une routine que nous accomplissons jour après jour machinalement. Or, une équipe de chercheurs britanniques a analysé le phénomène de l’habitude et établi son implication dans l’altération de la santé mentale.
Selon les résultats de l’étude publiée en mai 2025 dans le PLOS Mental Health
, elle « introduit également une rigidité comportementale qui peut devenir inadaptée dans des environnements dynamiques. Les habitudes établies, étant imperméables aux changements d’objectifs et de motivations des individus, peuvent être très difficiles à briser »
. Autrement dit, une personne qui manque de flexibilité et qui voit sa routine brusquement modifiée par un fait aussi banal qu’un retard ou une annulation de dernière minute peut s’en trouver fortement affectée. Par ailleurs, l’habitude de routine peut dévier vers l’automatisme et la conduite addictive.
De l’habitude à l’addiction
Nos habitudes de routine sont dirigées vers un but : être apprêté pour sortir, avoir des dossiers bien organisés, une maison bien rangée, optimiser son trajet… Selon Lavinia Wuensch, principale contributrice de l’étude, les routines sont formées d’un enchaînement de comportements longs et « c’est seulement l’exécution du comportement qui va être fortement habituelle, l’initiation quant à elle reste dirigée par les buts »
. Elles s’opposent aux automatismes, formés, eux, de « comportements courts »
. Ils sont « pleinement sous le contrôle des habitudes sans qu’aucune interférence ou presque ne soit possible »
. C’est-à-dire que nous ne les contrôlons pas, que ces habitudes sont devenues machinales et sortent du raisonnement. L’exemple le plus flagrant est celui de l’usage du smartphone. Celui ou celle qui s’en saisit irrépressiblement dès le réveil tous les jours ne réfléchit pas à son geste, malgré toutes les conséquences nocives qu’il peut avoir sur sa santé mentale, son estime de soi… On repère aussi le même phénomène avec le fumeur (qui ne peut ignorer les effets délétères de sa consommation, mais continue quand même). Il sort machinalement une cigarette de son paquet parce qu’il boit un café, parce que c’est l’heure de la pause ou parce qu’il se trouve en face de quelqu’un qui fume. Il peut alors s’agir d’un comportement compulsif (on ne peut pas s’empêcher de faire cette action) ou d’un comportement addictif (on est mû par la recherche de la récompense), les deux pouvant se cumuler. Dans les deux cas, il « persiste alors que les conséquences sont aversives pour l’individu »
.