Lorsque l’historienne Lee Farrow s’est rendue en Russie pour faire, avec le soutien du département d’Etat américain, la promotion de son livre sur la vente de l’Alaska par le tsar Alexandre II en 1867 (Seward’s Folly. A New Look at the Alaska Purchase, University of Alaska Press, 2016, non traduit), il y avait toujours quelqu’un dans l’assistance pour affirmer que les Etats-Unis n’avaient pas payé la somme convenue ou qu’il ne s’agissait que d’une concession limitée dans le temps. « Il y a une perception très répandue selon laquelle la Russie n’a pas bénéficié d’un traitement avantageux et que nous avons peut-être même agi de manière un peu malhonnête, explique l’historienne de l’université d’Auburn, près de Montgomery (Alabama). Après l’effondrement de l’Union soviétique, le peuple russe est en quête d’un semblant de grandeur, et reconquérir les territoires perdus irait de pair avec cette idée. » Bref, un petit air de « l’Alaska-c’est-chez-nous » prospère dans la Russie poutinienne.
A la veille du sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine, la mesure est de mise. Le conseiller du président russe Iouri Ouchakov a décrit l’Alaska comme un « lieu logique » pour la réunion du vendredi 15 août entre les deux dirigeants, citant la proximité des deux pays, séparés de 82 kilomètres par le détroit de Béring (2,4 kilomètres si l’on considère les deux îles Diomède dont l’une est russe, l’autre américaine), et les intérêts économiques partagés en Alaska et dans la région arctique.
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