Elle répondait au nom de Bella et faisait le bonheur de Mohcine Bouzoubaa. Mais la pigeonne d’un bleu écaillé, victorieuse de plusieurs courses, est à la retraite et le pharmacien en parle avec des trémolos dans la voix. « Je me rappellerai d’elle toute ma vie », lâche le brun de 53 ans, qui loge 300 volatiles entre le toit-terrasse de sa villa de Casablanca et une ferme de Nouaceur, au sud de la capitale économique marocaine. « Voir un pigeon gagner une course, c’est comme voir son enfant réussir au bac », confie-t-il, des étincelles dans les yeux et un large sourire aux lèvres. Certains font presque partie de la famille. Black, un vieux mâle noir de jais, a même droit à son portrait dans le salon.
Les éleveurs comme Mohcine Bouzoubaa, qui consacrent leur vie aux pigeons de course, sont légion à Casablanca. Un millier dans la métropole et près de 20 000 dans tout le pays, selon les estimations d’associations qui organisent les épreuves. Le nombre des oiseaux alignés, en vitesse ou en endurance, frôlerait les 200 000, faisant du Maroc l’une des premières terres colombophiles d’Afrique, chaque amateur rêvant que son pigeon devienne un « as », autrement dit celui qui obtiendra les meilleures performances dans sa catégorie. Des « athlètes » volontiers comparés à des chevaux, certains atteignant des pointes à 120 km/h, d’autres pouvant voler 24 heures d’affilée.
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