La masculinité moderne est en crise et le féminisme en est responsable. Tel est le présupposé des masculinistes en ligne, qui encouragent pour cette raison à prendre la « red pill », la pilule rouge, en référence au film Matrix (1999) : une prétendue prise de conscience du lavage de cerveau que l’égalité des sexes fait subir aux « normies », ces hommes non éveillés qui ont choisi l’illusion de la « blue pill », la pilule bleue. Mais au-delà de ce socle commun, la « manosphère » regroupe en réalité plusieurs sous cultures, communautés poreuses et parfois contradictoires.
Les « activistes pour les droits des hommes »
Les men’s rights activists (MRAs), ou « activistes pour les droits des hommes » ont émergé dès les années 1970, en réaction à la deuxième vague du féminisme. Pour ces groupes militants, les hommes sont victimes de discrimination en raison d’une société « gynocentrique », c’est-à-dire dominée par les femmes. En ligne, ils se sont retrouvés sur des forums, sur YouTube et dans bon nombre de podcasts.
On retrouve des traces de ce mouvement diffus chez des groupes d’activistes pour les droits des pères, qui dénoncent les discriminations supposées des tribunaux en faveur des mères. Mais aussi chez des figures de l’antiféminisme, avec des personnalités publiques telles que le neuropsychologue canadien Jordan Peterson. En France, les influenceurs antiféministes portent en général d’autres discours d’extrême droite, tels Le Raptor, Julien Rochedy ou Thaïs d’Escufon, l’ancienne porte-parole de Génération identitaire.
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