- L’apophénie désigne la tendance à attribuer une signification à des événements sans corrélation.
- En gros, ce n’est pas parce que vous entendez la chanson de votre ex à la radio qu’il faut lui envoyer un message.
- Ce biais cognitif n’est pas problématique en soi, mais peut être néfaste lorsque voir des signes partout tourne à l’obsession.
Vous pensez à votre ex et une chanson liée à lui se lance dans votre playlist, ce qui vous pousse à lui envoyer un message. Vous avez une grande décision à prendre et, d’un coup, vous tombez sur 11h11. Le feu passe au vert au moment où vous vous demandez si vous devez quitter votre job. Non, ce ne sont pas des signes de l’univers ou des messages cosmiques pour vous guider. Il s’agit d’un biais cognitif appelé l’apophénie. Théorisé par le neurologue allemand Klaus Conrad en 1959, ce terme caractérise la tendance à attribuer un sens anormal à des événements ou des expériences sans corrélation. C’est d’ailleurs ce qui se passe lorsque l’on croit voir un visage ou la forme d’un animal en regardant les nuages.
Quand le cerveau reconnaît des schémas
En réalité, il s’agit simplement d’un héritage évolutif, fruit de l’évolution. En effet, nos ancêtres repéraient des schémas dans l’environnement et avaient l’habitude d’observer la nature pour chasser et survivre. Une plume qui tombe ou un vol d’oiseaux était alors perçu comme des signes ou des messages divins. Les scientifiques expliquent que notre cerveau a gardé cette capacité à établir des connexions, même si elles sont illusoires. Interrogée par le média Self, Tali Sharot, professeure de neurosciences cognitives à l’University College London et au MIT, explique que « le cerveau humain a évolué pour devenir une machine à reconnaître les schémas, à créer des liens et à donner du sens. En étant attentif à ces connexions possibles, il nous arrive inévitablement de les voir alors qu’elles n’existent pas
« . Notre cerveau reconnaît alors des schémas même s’il nous joue des tours.
Non, on ne se base pas sur une plume d’oiseau pour prendre une décision
D’après le chercheur en psychologie Christian Rominger, qui étudie l’apophénie, certaines personnes sont plus sensibles que d’autres. Toujours dans SELF
, il explique toutefois que ce n’est pas problématique, mais peut-être davantage associé à un trait de personnalité. Selon lui, les personnes souffrant d’apophénie sont plus observatrices et perçoivent plus d’informations sensorielles, mais elles sont aussi plus créatives, comme le démontrent plusieurs études menées par le chercheur. Pour lui, voir des connexions là où il n’y en a pas n’est pas une mauvaise chose, au contraire, il y aurait même des avantages : un optimisme accru, une meilleure conscience, une meilleure compréhension de la vie, du réconfort, voire de l’encouragement.
Pour le Dr DeYoung, professeur en psychologie, « si les gens trouvent cela agréable et encourageant, alors ce n’est probablement pas particulièrement dangereux
« . En revanche, il alerte sur le fait d’accorder trop d’importance à ces signaux qui, parfois, peut tourner à l’obsession, la psychose, voire la théorie du complot. Et il ajoute que non, ce n’est probablement pas une bonne idée de prendre des décisions en se basant sur d’éventuels signes, comme se remettre avec un ex-toxique sous prétexte que vous avez vu « 111 » sur une plaque d’immatriculation.