L’échine courbée sur les restes de leur potager, ravagé par les flammes dans le village de Pinilla de Valderia (province de Léon), Angelita Garcia, 77 ans et son mari, José Adonsa, 86 ans, pleurent sur le paysage de désolation qui les entoure. Devant eux, des champs brûlés. Derrière, une forêt dont il ne reste que des troncs calcinés de chênes, de pins et de frênes. « C’était une vallée si belle, avec ses rivières, ses canaux d’irrigation, ses champs et ses montagnes », sanglote doucement Angelita Garcia, ce mardi 19 août, un masque sur le visage pour se protéger de la fumée dense de l’incendie de Porto de Sanabria, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest, actif depuis le 14 août. A moins qu’elle n’émane de celui de Yeres-Las Medulas, au nord, qui ravage, depuis le 9 août, un paysage naturel classé à l’Unesco.
Plus de 390 000 hectares de végétation sont partis en fumée en Espagne depuis le début de l’année, selon les estimations de l’observatoire européen Copernicus, dont 350 000 depuis le 7 août. Un record, alors qu’une vingtaine de grands incendies restent actifs malgré la fin d’une vague de chaleur intense de seize jours, avec des températures de près de 40 °C dans le nord du pays. Onze mégafeux de plus de 10 000 hectares ont été recensés. La province de Léon, au nord-ouest de l’Espagne, est celle qui a le plus souffert, avec celle d’Ourense en Galice, qui enregistre près de 70 000 hectares brûlés en quinze jours. « Du bus dans lequel nous avons été évacués, lundi 11 août, nous voyions des langues de feux venir de tout le long de la montagne, se souvient Angelita Garcia. Ce sont les gens qui ont refusé de partir et sont restés dans la vallée pour se battre contre les flammes qui ont sauvé le village. »
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