- Après avoir été expulsé à tort puis ramené aux États-Unis à l’issue de plusieurs mois de bataille judiciaire, Kilmar Abrego Garcia est détenu depuis lundi 25 août par les autorités.
- Ce Salvadorien de 30 ans est devenu un symbole de la politique migratoire de Donald Trump.
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Le second mandat de Donald Trump
« Continuez à exiger la liberté !
» Face à la foule réunie devant les locaux de la police de l’immigration (ICE), Kilmar Abrego Garcia a brièvement appelé ses soutiens à « continuer à prier, à vous battre, à résister et à aimer
« . « Non seulement pour moi, mais pour tout le monde
« , a martelé ce Salvadorien de 30 ans. Il le sait : sa voix est devenue un symbole aux États-Unis de la politique migratoire répressive de Donald Trump.
Depuis plusieurs mois, ils sont nombreux à suivre les feuilletons de l’affaire Garcia, riche en rebondissements. Cet habitant du Maryland, marié à une Américaine, a vu sa vie basculer en mars dernier : avec plus de 250 hommes, il a en effet été expulsé vers le Salvador sans autre forme de procès pour appartenance présumée à un gang vénézuélien. En l’occurrence le MS-13, classé « organisation terroriste » par le gouvernement. Le principal intéressé s’était défendu, en vain.
Il avait finalement été ramené aux États-Unis en juin, mais l’administration Trump avait aussitôt lancé des poursuites à son encontre dans le Tennessee pour aide au séjour illégal de migrants. Il avait été libéré la semaine dernière pour rejoindre sa famille dans le Maryland pour attendre son procès. Le ministère de la Sécurité intérieure l’avait toutefois enjoint à se présenter lundi matin devant les services de l’immigration de Baltimore, informant ses avocats de son possible transfert en Ouganda.
Le couperet est rapidement tombé : Kilmar a été arrêté puis placé en détention par les autorités américaines. Le ministère de la Justice a précisé qu’il serait envoyé en Ouganda, un pays d’Afrique de l’Est qui a annoncé la semaine dernière avoir conclu un accord avec Washington pour accueillir des migrants expulsés des États-Unis.
« Il n’y avait aucune raison de le placer en détention », selon son avocat
« Le fait qu’ils utilisent le Costa Rica comme une carotte et l’Ouganda comme un bâton pour tenter de le contraindre à plaider coupable d’un crime est une preuve évidente qu’ils utilisent le système d’immigration comme une arme d’une manière totalement inconstitutionnelle
« , a dénoncé Me Simon Sandoval-Moshenberg, son avocat.
« Il n’y avait aucune raison de le placer en détention
« , a estimé Simon Sandoval-Moshenberg, précisant que son client avait déjà été soumis à des mesures de surveillance électronique et assigné à résidence. Un argument qui a visiblement fait mouche : un juge fédéral a bloqué lundi soir de manière temporaire l’expulsion vers l’Ouganda.
La volonté du gouvernement marque néanmoins un nouveau tournant dans une affaire devenue emblématique de la politique répressive de Donald Trump en matière d’immigration. Le président américain a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une « invasion
» des États-Unis par des « criminels venus de l’étranger
» et communiquant abondamment sur les expulsions d’immigrés.
Quelque « 55 millions d’étrangers
» qui détiennent un visa en cours de validité sont ainsi concernés par des contrôles renforcés, a encore fait savoir jeudi dernier le département d’État américain. Si le programme d’expulsions massives a été contrecarré ou freiné par de multiples décisions de justice, les chiffres révèlent une réelle tendance : en juin, le pays comptait 51,9 millions d’immigrés contre 53,3 millions en janvier, selon une étude publiée le 21 août par l’institut de recherche Pew Center.