Développée pour aller sur la Lune et sur Mars, la mégafusée Starship de SpaceX, société du multimilliardaire Elon Musk, a mené, mardi 26 août, un vol test réussi, après plusieurs tentatives entachées d’explosions qui avaient semé le doute.
Haut de plus de 120 mètres, le lanceur mastodonte a décollé du Texas sous les applaudissements nourris d’ingénieurs peu après 18 h 30 heure locale (1 h 30 du matin à Paris).
Après que la mégafusée s’est élancée dans un brouhaha monumental, ses deux étages – le propulseur Super Heavy et le vaisseau Starship, ce dernier donnant par extension son nom à l’ensemble – se sont séparés. Le premier, que SpaceX avait rattrapé dans une manœuvre spectaculaire lors d’un précédent test, a cette fois fini sa course dans les eaux du golfe du Mexique, conformément au plan de vol visant à recueillir de nouvelles données.
Quant à l’immense vaisseau, qui avait explosé lors des trois derniers vols d’essais, il est parvenu à rejoindre l’espace et à déployer avec succès les simulateurs de satellites qu’il transportait, une première. Il a ensuite réussi à rentrer dans l’atmosphère et il a plongé comme prévu dans l’océan Indien, bien qu’il ait perdu en chemin quelques-unes de ses tuiles de protection et subi des dégâts matériels, selon le direct vidéo de l’entreprise.
« Nous avons retiré plusieurs tuiles à des endroits critiques du véhicule », a précisé Dan Huot, un responsable de SpaceX lors de ce direct. « Nous essayons vraiment de mettre [le vaisseau] à l’épreuve pour repérer ses points faibles », a-t-il justifié.
Sur son réseau social X, Elon Musk a salué l’« excellent travail de l’équipe de SpaceX ».
« Des milliers de défis techniques »
Ce dixième vol test de la plus grande fusée jamais construite faisait suite à trois tentatives qui s’étaient soldées en début d’année par des explosions dans les airs. Cette succession de déconvenues, à laquelle s’est ajoutée en juin une autre déflagration lors d’un test au sol, avait semé des doutes sur l’avancement de Starship, alors qu’Elon Musk continue de tabler sur de premiers lancements vers Mars dès 2026. Autant d’inquiétudes que le vol de mardi devrait avoir réussi à balayer, l’entreprise de l’homme le plus riche du monde étant cette fois parvenue à mener à bien les objectifs qu’elle s’était fixés.
Mais avant de mener des vols habités ou d’atteindre le satellite naturel de la Terre et la Planète rouge, Starship devra relever « des milliers de défis techniques », avait concédé Elon Musk, lundi, depuis sa base spatiale texane, tout en se disant « confiant ».
Parmi les prochaines étapes à franchir, a-t-il détaillé, figurent le ravitaillement en carburant de la fusée une fois dans l’espace, la construction d’« un bouclier thermique » pour que le vaisseau soit « entièrement réutilisable », ou encore le rattrapage du vaisseau.
Aller encore plus loin
La société d’Elon Musk mise en effet sur la stratégie risquée de lancer de multiples prototypes afin de corriger au fur et à mesure les problèmes rencontrés en situation de vol. C’est un mantra qui a jusqu’ici fait son succès, le fondateur de SpaceX ayant réussi en un temps record à révolutionner le secteur spatial en produisant à la chaîne des fusées réutilisables.
Lui qui domine aujourd’hui le marché des lancements commerciaux veut, avec Starship, aller encore plus loin. Cette mégafusée pensée pour mener des voyages interplanétaires et être entièrement réutilisable doit lui permettre de réaliser son rêve fou de coloniser Mars.
« C’est un grand jour pour la NASA », a assuré Sean Duffy, administrateur par intérim de la puissante agence spatiale américaine, comptant sur une version modifiée de Starship pour son programme Artémis, qui prévoit le retour des Américains sur la Lune.
Avec une autre version modifiée de Starship, SpaceX promet également à ses clients de se rendre aussi « n’importe où dans le monde, en une heure ou moins ».