La probable chute, le 8 septembre, du gouvernement de François Bayrou, qui a décidé de solliciter un vote de confiance au Parlement, n’a pas découragé les organisateurs du mouvement du 10 septembre, qui entendent « tout bloquer » ce jour-là. Comment s’inscrit ce mouvement atypique dans l’histoire sociale du pays ? A quoi renvoie la menace de grève générale brandie par Jean-Luc Mélenchon ? Entretien avec Marion Fontaine, historienne des socialismes et du mouvement ouvrier, professeure au Centre d’histoire de Sciences Po.
Le mouvement Bloquons tout peut-il se rattacher à une tradition de lutte sociale en France ?
Il faut rester prudent, car ce mouvement est encore dans les limbes et ses formes sont confuses. Pour l’instant, il existe surtout dans les anticipations des acteurs politiques ou syndicaux. D’un point de vue historique, il s’inscrit dans une chronologie extrêmement courte, dont le point de départ se situe dans les années 2000. C’est celle des mouvements citoyens qui se mobilisent sur les réseaux sociaux : mouvement des « indignés », Nuit debout, « gilets jaunes »… En arrière-plan, on trouve la réforme des retraites et l’échec des grandes mobilisations syndicales de 2024, qui n’ont pas réussi à la faire retirer.
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