Dans les relations tendues entre les Etats-Unis et le Venezuela, le thermomètre ne montre plus exactement la même température selon que l’on se trouve à Washington ou à Caracas.
D’un côté, Donald Trump a promis, vendredi 5 septembre, devant des journalistes à la Maison Blanche, que si des avions militaires vénézuéliens mettaient l’armée américaine « dans une position dangereuse, ils [seraient] descendus ».
Le département de la défense, que le président américain a rebaptisé, vendredi, en « département de la guerre », avait dénoncé la veille le survol par des avions militaires vénézuéliens d’un de ses navires de guerre déployés dans les eaux internationales des Caraïbes.
Parlant de « geste hautement provocateur », le Pentagone a mis en garde contre toute escalade alors qu’il justifie sa démonstration de force militaire par une lutte acharnée contre le narcotrafic international.
Présence militaire américaine renforcée
De l’autre côté, peu de temps après l’avertissement venu du bureau Ovale, Nicolas Maduro, le président vénézuélien, a estimé qu’« aucun des différends que nous avons et que nous avons eus [avec les Etats-Unis] ne justifie un conflit militaire ».
« Le Venezuela a toujours été disposé à discuter, à dialoguer, mais nous exigeons du respect », a-t-il ajouté, vendredi, lors d’une déclaration diffusée à la radio et la télévision, rejetant les accusations du gouvernement Trump sur son implication supposée dans le narcotrafic international. Nicolas Maduro a toujours nié tout lien avec le narcotrafic, bien que deux neveux de son épouse aient été condamnés à New York pour trafic de cocaïne.
Avant d’adoucir le ton, le président vénézuélien n’avait cessé de se dire prêt à la « lutte armée pour la défense du territoire national », évoquant même le risque d’un débarquement américain et d’un objectif de « changement de régime », bien que les Etats-Unis n’aient jamais menacé ouvertement d’envahir son pays.
Washington a de son côté annoncé, vendredi, renforcer sa présence militaire dans les Caraïbes pour lutter contre les cartels de la drogue, avec l’envoi de dix avions de combat furtifs F-35 à Porto Rico, territoire rattaché aux Etats-Unis.
« Chef de cartel »
Cette semaine, Donald Trump a annoncé que l’armée américane avait frappé un « bateau transportant de la drogue », tuant 11 « narcoterroristes ». Il les a présentés comme des membres du Tren de Aragua, un cartel vénézuélien implanté dans plusieurs pays et classé comme organisation terroriste par Donald Trump.
En fonction depuis douze ans après une réélection en 2024 marquée par des soupçons de fraude massive, Nicolas Maduro est considéré par le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, comme un « fugitif recherché par la justice » aux Etats-Unis, qui ont d’ailleurs mis sa tête à prix. Le proche conseiller de Donald Trump, Stephen Miller, a, lui, déclaré vendredi que le Venezuela n’était pas dirigé par un gouvernement mais par une « structure de narcotrafic », avec Maduro en « chef de cartel ».
Les Etats-Unis ont opéré un changement de doctrine et clairement opté pour la manière forte dans leur lutte contre le narcotrafic venant d’Amérique latine, choisissant de militariser leurs opérations.