Deuxième exposition de la peintre Philemona Williamson à Paris et confirmation de la justesse et de la singularité de son style. Cette fois, ce sont des toiles de petit format peuplées d’enfants et d’adolescentes. Situations, gestes, disproportions, expressions : tout est un peu étrange. Une petite fille noire vêtue comme une femme de chambre – ce que fut la mère de l’artiste, employée dans une famille blanche fortunée de New York – est assise dans un fauteuil en osier, trop grand et haut pour elle, comme sur un trône qu’elle occuperait en fraude, si l’on en croit son regard. Deux jeunes filles, l’une nue, l’autre pas, sont juchées sur une branche où les accueillent des oiseaux bleus d’une espèce inconnue. Dans chaque toile, des anomalies se révèlent, et il semble parfois que la surface soit trop petite pour les corps que la peintre y place. Elle ne décrit pas, ne raconte pas, mais change la mémoire de sa jeunesse en fables. Une seule est explicite : une jeune femme, toute de rouge vêtue, porte au-dessus de sa tête une banderole, attachée à deux bâtons ou cannes. Elle incarne la révolte contre la ségrégation raciale, que l’artiste, née en 1951, a subie tout au long de sa jeunesse. Mais c’est l’œuvre entière qui est une déclaration de liberté.
« Lopsided », Semiose, 44 rue Quincampoix, Paris, 4e. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 11 octobre.