La France se donne-t-elle les bons moyens pour lutter ou même évaluer les risques de violences illégitimes de ses forces de l’ordre ? La question est lancinante au procès d’un policier, accusé d’avoir porté un violent coup au visage d’un adolescent de 14 ans, un jour d’émeute, le 19 décembre 2020, à Villeurbanne (Métropole de Lyon).
Selon le récit invariable du jeune homme, aujourd’hui âgé de 18 ans, qui l’a répété à la barre du tribunal correctionnel de Lyon, mardi 9 septembre, le policier l’aurait attrapé par les épaules, fait pivoter, et frappé d’un violent coup de bombe lacrymogène qui a explosé sous l’effet du choc.
Après une perte de connaissance, il s’est réveillé dans la voiture des policiers qui l’emmenaient en garde à vue pour violences urbaines, la bouche ensanglantée, plusieurs dents cassées. Le jeune homme conteste avoir participé aux émeutes déclenchées par l’accident d’un jeune pilote de scooter. Il sortait pour la première fois depuis la fin du confinement sanitaire, sa mère lui avait prêté sa carte bancaire.
Son bus, parti de Vaulx-en-Velin (Métropole de Lyon), a été bloqué au niveau de la station Laurent Bonnevay à cause des affrontements. « Le chauffeur a fait descendre tout le monde, je me suis retrouvé dans un nuage de lacrymogène », se souvient le jeune homme. En claquettes et en short, il s’est réfugié dans un parc avec ses deux copains, quand le policier lui a mis la main dessus.
Version du policier : le jeune était repéré et poursuivi pour avoir jeté des projectiles sur les forces de l’ordre, la bombe lacrymogène a explosé accidentellement en cognant son dos, il a ensuite chuté face contre terre, ce qui a occasionné ses blessures. Ce que confirment deux de ses collègues présents. « Ce n’est pas une affaire qui m’avait marqué », explique Denis B., athlétique policier, se disant surpris par « l’acharnement » qui le conduit à comparaître au tribunal par citation directe – c’est-à-dire après la saisie directe du tribunal par la victime, sans qu’il n’y ait eu d’instruction ni que le parquet se soit saisi du dossier – alors que la procédure avait été classée sans suite par le parquet.
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